Rubrique : Boissons

L’orxata de xufa (horchata de chufa en castillan) est la boisson typique de la région de Valencia en Espagne. La meilleure serait celle de la ville d’Alboraya. Préparée à partir des tubercules de souchet, ce lait végétal se boit accompagné d’une viennoiserie locale, les fartons.

orxata #1 orxata #2

Il est probable que l’origine de l’orxata soit arabe. On retrouve des laits végétaux aux noms similaires dans certains pays méditerranéens (par exemple, l’orgeat/orzata à base d’amandes en France/Italie) ou en Amérique centrale (par exemple, l’horchata à base de riz au Mexique ou de graines de morrito au Salvador). En Espagne, l’orxata est produite à partir de tubercule de souchet.

Le souchet (xufa ou chufa, également appelé noix tigrée ou amande de terre, Cyperus esculentus) est une plante de la famille du papyrus. Originaire de la Haute-Égypte, le souchet a été introduit en Espagne par les Arabes. La région de Valence, sableuse et irriguée, convient particulièrement à sa culture. En 2003, un groupe de jeunes Valenciens a fondé une entreprise, Mon Orxata, pour promouvoir la culture de souchet bio et la consommation d’orxata artisanale afin de préserver les terres agricoles autour de Valence.

Les noix tigrées sont les petits tubercules produits par la plante. À l’automne, les plants sont arrachés et les tubercules récoltés, lavés et mis à sécher. Pour fabriquer l’orxata, les noix tigrées sont broyées et macérées avec de l’eau. Le mélange est filtré, dilué, sucré et filtré de nouveau. Il est également possible de préparer l’orchata chez soi. Lavez abondamment 250 g de chufas et laissez-les tremper dans de l’eau pendant 24 heures. Égouttez-les, écrasez-les avec le fond d’un verre et ajoutez un litre d’eau. Laissez-les macérer pendant 3 heures puis filtrez avec un torchon. Ajoutez 200 g de sucre, mélangez bien et mettez au frais quelques heures.

L’orxata est un lait végétal au goût douceâtre, dépourvu de lactose ou de gluten. Elle se boit glacée ou se déguste en granité, en mangeant une sorte de gros grissin brioché, le farton. À Valence, on trouve des vendeuses d’orxata à tous les coins de rue : cette trentaine de petits chariots – points de vente (ainsi que que deux horchaterias fixes) appartiennent à la société Mon Orxata qui en confie la gestion à des Valenciennes d’âge mûr (les « horchateras ») qui, sans cette opportunité, se trouveraient sans emploi. Boire une orxata bien fraîche, c’est donc faire acte de solidarité !

Deux sites d’horchaterias à Valencia :

www.horchateriasantacatalina.com
www.horchatadaniel.com

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Rubrique : Thés

Le sencha est le thé vert japonais le plus populaire, celui qui est bu dans les circonstances courantes de la vie quotidienne. Il fait également l’objet d’une forme particulière de cérémonie du thé différente de celle, plus connue, qui utilise le matcha (thé vert en poudre).

sencha #1 sencha #2

La fabrication du sencha est typique des thés japonais. Les pointes de thé sont d’abord passées à la vapeur pendant quelques dizaines de secondes. Cette opération détruit les enzymes responsables du flétrissage (la « fermentation », responsable de l’oxydation des feuilles). Ensuite, les feuilles sont roulées et séchées. Une fois sèches, elles sont rapidement passées à la chaleur pour développer certains arômes et assurer une bonne conservation. Cette dernière phase est à l’origine du nom du thé : sencha signifie « thé rôti ».

Le bref passage à la vapeur permet au thé de garder une belle couleur verte (que l’on retrouve dans l’infusion) et de développer des parfums d’herbe, d’épinard, voire d’algues. Un bon sencha a un goût carrément iodé et une amertume rafraîchissante. Il peut être bu chaud ou froid, seul ou avec un repas (une boisson idéale avec les sushis ou les fruits de mer). Ajouté à des restes de riz, il fait un délicieux chazuke.

Comme tous les thés verts, le sencha supporte mal l’eau bouillante. Selon sa qualité, mieux vaut le préparer avec de l’eau à 75, 80 ou 85°C (meilleure la qualité, moins chaude l’eau). Pour éviter une infusion trop amère, il faut drainer la totalité de l’eau dans les tasses après une trentaine de secondes. Les feuilles peuvent être réutilisées trois ou quatre fois (en augmentant la température de l’eau et la durée de l’infusion à chaque passage).

Depuis trois cents ans, il existe au Japon une cérémonie du sencha beaucoup moins connue que le chanoyu (la cérémonie du matcha). Plus décontractée, plus centrée sur les échanges plein d’esprit entre les participants, la cérémonie du sencha cherche à recréer les cérémonies de thé de l’époque Heian (VIIIe – XIIe siècles) où les lettrés se retrouvaient pour des discussions raffinées. La cérémonie du sencha mériterait d’être mieux connue en Occident.

NB : Pour les anglophones, il existe un livre intéressant et complet sur la cérémonie du sencha.

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Rubrique : Boissons

Que ce soit en Turquie ou au Liban, l’hiver est officiellement là lorsque les vitrines des salons de thé affichent un écriteau indiquant « Sa(h)lep » (en Turquie) ou « سحلب » (sahlab, dans les pays arabophones). Cette boisson chaude à base de poudre de tubercules d’orchidées est censée aider à lutter contre les petits maux de la saison froide.

salep

L’histoire du salep remonte à l’Antiquité. La forme des tubercules d’orchidées européennes, très évocatrice de testicules, était interprétée comme preuve de leur effet aphrodisiaque. Les Romains préparaient une boisson à base de poudre de tubercules d’orchidées, appelée… « satyrion » ! Le salep est probablement le descendant direct de cette coutume romaine. Sahlab, le mot arabe, vient de l’expression signifiant « testicules de renard ».

Au XVIIe et XVIIIe siècles, le salep était très populaire en Angleterre sous le nom de « saloop » et il y était apprécié pour sa richesse énergétique. L’arrivée du café le fera tomber dans l’oubli. Aujourd’hui, le salep est toujours très populaire au Moyen-Orient. Il est préparé à partir de lait, de sucre et de poudre de tubercules d’orchidées (plusieurs espèces sont utilisées). Dans les salons de thé, ce mélange est maintenu chaud et brassé en permanence dans des machines spéciales.

Le salep est un liquide épais qui cale bien l’estomac… En effet, la poudre de tubercules est très riche en mucilages (une substance très nutritive qui forme une sorte de gel lorsqu’elle est diluée). D’un goût assez neutre, le salep est parfois parfumé avec de l’eau de rose ou de l’eau de fleur d’oranger. Il est servi saupoudré de cannelle.

Les tubercules d’orchidée sont récoltés dans les montagnes d’Anatolie, brièvement blanchis et mis à sécher. Ils sont ensuite broyés pour obtenir une poudre, le salepi, qui sert à la fabrication du salep mais aussi du salepi dondurma, la glace turque typique de la ville de Maras.

La poudre de tubercules a longtemps été utilisée par les médecins comme émollient (pour apaiser les inflammations), ainsi que pour préparer des boissons fortifiantes pour les convalescents ou les enfants. Elle était également emportée sur les bateaux à voile pour servir de nourriture de secours en cas de problème (une dose de 50 g était considérée comme suffisante pour nourrir un homme toute une journée !).

La poudre de tubercules pure est difficile à trouver en Europe. Les orchidées étant menacées de disparition, le gouvernement turc en a interdit l’exportation. Par contre, il est facile de trouver le mélange pour faire du salep/sahlab dans la plupart des épiceries moyen-orientales. Il suffit de rajouter du lait et de faire chauffer le tout en fouettant sans discontinuer sous peine de devoir sérieusement récurer la casserole…

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