Rubrique : Istanbul

Asitane, c’est le nom d’un restaurant d’Istanbul spécialisé dans la cuisine du Palais impérial à l’époque ottomane. À partir de documents d’époque, les cuisiniers d’Asitane recréent quelques uns des fastes culinaires de la Sublime Porte.

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Créé en 1991, le restaurant Asitane se trouve à deux pas d’un des joyaux de l’architecture byzantine, l’église de Chora (Kariye Müzesi), à l’ombre des vestiges des anciens remparts. Au rez-de-chaussée d’un hôtel, avec une terrasse donnant sur un jardin, Asitane est un havre de paix lorsqu’on vient d’affronter les hordes touristiques venues admirer les mosaïques à couper le souffle de l’église de Chora.

En s’inspirant des registres de cuisine des différents palais impériaux et d’autres documents d’époque (en particulier, ceux détaillant les fêtes de circoncision des deux fils de Süleyman le Magnifique en 1539), les cuisiniers d’Asitane ont pu recréer environ 200 recettes qu’ils proposent sous la forme de menus saisonniers ou thématiques (menu de Ramadan, menu aphrodisiaque ou menu de Réveillon des années… 1950 !).

Manger à Asitane est une expérience à ne pas manquer si vous passez par Istanbul. Autant pour l’originalité et la fraîcheur des plats que pour le service exceptionnel. Dégustez-y une soupe d’amandes, des coings farcis au veau, du melon farci à l’agneau ou du nirbach (des boulettes d’agneau dans un ragoût de carottes), et finissez par un helatiye (une sorte de flan parfumé au mastic).

Environ 30 € par personne sans boissons alcoolisées

Kariye Camii Sokak, 6 – Edirnekapi
+90 (212) 534 8414

www.asitanerestaurant.com

NB Pour ceux intéressés par la cuisine de l’Empire ottoman, Actes Sud publie un excellent ouvrage qui reprend certaines des recettes adaptées par Asitane : À la table du Grand Turc, par Stéphane Yerasimos, 22,8 €.

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Rubrique : Soupes

En hiver, dans les rues d’Istanbul ou des quartiers turcs de Paris ou de Berlin, de petits écriteaux font leur apparition sur les vitrines des restaurants : « Mercimek çorbası ». Cette formule magique indique que, à l’intérieur, on peut se restaurer d’un bol de bonne soupe de lentilles.

mercimek çorbası

En Turquie, il existe de très nombreuses recettes de soupe de lentilles selon les régions (mercimek çorbası se prononce « merdjimek tchorbasseu »). En voici une simple et efficace !

Pour 4 personnes

  • 200 g de lentilles corail
  • 2 oignons moyens
  • 1 carotte coupée en dés
  • 50 g de beurre
  • 1 cuillerée à soupe de farine
  • cumin en poudre et en graines
  • sel, poivre noir et baies roses
  • jus de citron

Émincez les oignons et faites-les revenir dans un peu d’huile d’olive. Lorsqu’ils sont dorés, ajoutez une cuillerée à soupe de farine et faites-la revenir. Ajoutez un litre d’eau en mélangeant. Ajoutez les dés de carotte, les lentilles puis le beurre fondu. Salez et poivrez à votre goût, ajoutez ½ cuillerée à café de cumin en poudre et 1 cuillerée à café de baies roses.

Faites cuire à feu moyen jusqu’à ce que les lentilles soient complètement défaites et les dés de carotte tendres. Passez le tout au mixeur et servez en décorant de graines de cumin, de baies roses et d’un filet de jus de citron.

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Rubrique : Desserts & sucreries

Le muhallebi (muhallabia dans les pays arabophones) est un dessert courant en Turquie. Cette crème épaisse, sans œufs, peut être parfumée à la rose, à la fleur d’oranger, au safran, à la cannelle, etc.

muhallebi

Pour 8 petits bols

  • 1 litre de lait demi écrémé
  • 7 cuillerées à soupe de farine de riz (ou de Maïzena)
  • 1½ à 2 verres de sucre en poudre (selon votre goût)
  • 5 larmes de mastic
  • 2 cuillerées à soupe d’eau de fleurs d’oranger
  • pistaches hachées (pour la décoration)

Une demi-heure avant de commencer, placez le mastic et deux cuillerées à soupe de sucre dans un pilon et mettez-les au congélateur.

Dans un saladier, mélangez petit à petit la farine de riz (ou la Maïzena) avec un peu de lait jusqu’à obtenir une pâte liquide homogène. Faites chauffer le reste du lait. Sortez le pilon du congélateur et broyez finement le mastic et le sucre en poudre.

Lorsque le lait frémit, ajoutez-le à la pâte de farine de riz (ou la Maïzena) en fouettant énergiquement. Versez ce mélange dans la casserole et remettez à feu moyen. Amenez le mélange à ébullition en fouettant sans discontinuer. Réduisez le feu et continuez à fouetter pendant 5 à 10 minutes, jusqu’à ce que le mélange nappe une cuillère.

Ajoutez le sucre et fouettez jusqu’à dissolution complète. Si la crème devient trop épaisse, rajoutez un peu d’eau ou de lait. Ajoutez le mastic broyé et l’eau de fleur d’oranger, mélangez bien et retirez du feu. Plongez la casserole dans un saladier rempli d’eau froide et fouettez pendant 5 minutes. Versez dans des petits bols et laissez refroidir. Avant de servir, saupoudrez de pistaches hachées.

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Rubrique : Paris

Paris est pleine d’épiceries moyen-orientales et chacune a son atmosphère et sa personnalité. Celle où les Doudes aiment se ravitailler s’appelle l’épicerie Mervan. Une épicerie de quartier sympathique, sans prétention et bourrée de trésors ensoleillés.

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Située à la limite des XIe et XXe arrondissements, l’épicerie Mervan (« Amical » en kurde) appartient à un Turc d’origine kurde, Mr. Çelik. Dans sa caverne d’Ali Baba, il propose de très nombreux produits, turcs bien sûr, mais également grecs, maghrébins, égyptiens, syriens, israéliens, etc. Attenante à l’épicerie, une boucherie propose des produits halâl.

Chez Mervan, les Doudes se ravitaillent en délicieux yaourt turc ou grec (en pots d’un kilo, à peine de quoi tenir quelques jours !), en halloumi, en za’atar, en pois chiches grillés, en simit (des pretzels turcs), en pain lavaş (libanais), en pişmaniye, en thé et café turc, en pistaches, en épices, en tulum, en féta fraîche (en vrac), en miel grec, en eau de rose, en mélasse de grenade, etc. En prenant le temps de regarder les centaines de produits sur les étagères, on réalise rapidement qu’on peut quasiment tout y trouver… À l’automne, ne ratez pas les énormes coings (un élément essentiel de la cuisine moyen-orientale) et les grenades sucrées.

Ce qui frappe lorqu’on passe un moment chez Mervan, c’est la très grande diversité de la clientèle : maghrébines voilées, mamas africaines en boubou, juifs orthodoxes, grand-mères kurdes, bobos du quartier… Mervan est un concentré de la richesse ethnique du XXe arrondissement et il y règne une ambiance bon-enfant et apaisante. Si vous êtes du genre à être un peu intimidé dans les épiceries ethniques et à ne pas oser demander des renseignements, courez chez Mervan. La gentillesse de ceux qui vous y accueillent fera fondre votre gêne et vous repartirez avec une moisson de produits et de recettes pour les préparer.

Épicerie Mervan
24 rue de Bagnolet – 75020 Paris
+ 33 1 43 72 48 75

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Rubrique : Légumes

En turc, « Imam bayıldı » signifie « l’imam s’est évanoui ». Ce plat à base d’aubergines, de tomates, d’oignons et d’ail est un classique de la cuisine ottomane. Consommé froid accompagné de yaourt, il est idéal pour les soirées d’été à la campagne.

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L’imam bayıldı (prononcez « imam bayeuldeu ») fait partie des zeytinyağlı, les plats dits « à l’huile d’olive » de la cuisine turque. Deux légendes existent quant à l’origine de son nom, selon les raisons données pour expliquer la défaillance cléricale… L’une prétend que c’est son goût délicieux qui en fut la cause, l’autre affirme que c’est la quantité d’huile d’olive nécessaire à sa préparation ! Ce plat est également cuisiné en Albanie, en Bulgarie, en Grèce et dans les pays arabes du Moyen-Orient (sous le nom d’imam bayouldi).

Pour 4 personnes

  • 4 belles aubergines longues
  • 4 oignons moyens tranchés fin
  • 4 tomates moyennes (type Roma) pelées, épépinées et taillées en dés
  • 1 bouquet de persil ciselé
  • 4 grosses gousses d’ail écrasées (sans le germe)
  • le jus d’un citron
  • 2 cuillerées à café de sucre en poudre
  • 150 cl d’huile d’olive
  • sel, poivre, piment

Épluchez les aubergines dans le sens de la longueur en laissant des bandes de peau. Immergez-les dans de l’eau bien salée pendant une demi-heure (placez un poids dessus). Pendant ce temps, faites sauter les oignons dans un peu d’huile d’olive. Lorsqu’ils sont dorés, ajoutez l’ail, le persil, puis les dés de tomate, le sel, le poivre et un peu de piment. Laissez revenir 5 minutes puis égouttez les légumes au-dessus d’une casserole.

Faites chauffer votre four à 200°C. Séchez les aubergines et, pour chacune, ouvrez trois fentes assez profondes dans le sens de la longueur. Faites-les revenir dans le reste de l’huile d’olive pendant 10 minutes en les retournant fréquemment. Posez-les dans un plat allant au four, fentes en l’air. Farcissez les fentes avec les légumes égouttés.

Faites chauffer le jus des légumes récupéré dans la casserole avec le jus de citron, le sucre et un grand verre d’eau. Lorsqu’il bout, arrosez-en les aubergines. Faites cuire au four 30 à 40 minutes (si la farce commence à un peu trop griller, recouvrez d’un papier alu après 20 minutes de cuisson). Servez tiède ou froid, avec du yaourt nature.

NB : Pour les mélomanes, Imam baildi est aussi le nom d’un excellent groupe grec qui remixe de vieilles chansons grecques sur de l’électro. Trippant !

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Rubrique : Salades

Idéale pour l’été, cette salade turque combine la fraîcheur sucrée de la pastèque bien mûre et l’acidité salée du tulum d’Erzincan. L’émulsion jus d’agrumes – huile d’olive peut être utilisée pour d’autres types de salade (par exemple sur des carottes râpées).

pastèque et tulum

Pour six personnes

  • 500 g de chair de pastèque épépinée et taillée en lamelles épaisses
  • 150 g de tulum d’Erzincan effrité
  • ½ cuillerée à café de zeste d’orange râpé
  • 1 cuillerée à soupe de graines de nigelle grillées
  • 2 cuillerées à soupe de jus d’orange frais
  • 1 cuillerée à soupe de jus de citron frais
  • 3 cuillerées à soupe d’huile d’olive
  • Sel et poivre

Dans un plat creux, disposez les lamelles de pastèque et saupoudrez-les avec le tulum, puis les graines de nigelle et le zeste d’orange râpé. Dans un petit bol, faites dissoudre le sel dans les jus d’agrumes, poivrez selon votre goût, ajoutez l’huile d’olive et faites-en une émulsion en battant avec une fourchette. Répartissez la sauce sur le plat au moment de servir.

NB : pour une recette très « fusion », remplacez les jus de citron et d’orange par du jus de yuzu !

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Rubrique : Fromages

Le Tulum d’Erzincan (Erzincan tulum peyniri) est un des fromages les plus consommés en Turquie. Spécialité de l’est de l’Anatolie à base de lait de brebis, il est traditionnellement mûri dans des outres en peau de chèvre (« tulum »).

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Depuis des siècles, dans la région d’Erzincan et d’Erzurum, une tribu nomade kurde, les Savaklar, utilise un procédé particulier pour faire le fromage. Ils remplissent des peaux de chèvre cousues avec du caillé de lait de brebis, et laissent mûrir ce fromage plusieurs mois dans des grottes fraîches. Les fromages de la famille des tulums sont très populaires en Turquie aujourd’hui, en particulier celui d’Erzincan (prononcez « Erzinndjann») qui est le plus facile à trouver (même dans les épiceries turques de nos pays).

La fabrication du tulum n’a guère changé malgré l’industrialisation du processus. Le lait de brebis (parfois additionné de lait de chèvre ou de bufflonne) est caillé avec de la présure, coupé en petits cubes, puis placé dans des sacs en coton empilés et régulièrement retournés. Après 24 h, le caillé est brisé à la main pour obtenir de gros grumeaux qui sont salés, pétris et remis dans les sacs de coton empilés. Après dix jours, le caillé, parfois additionné de yaourt, est fourré dans les peaux de chèvre. Parfois, celles-ci sont remplacées par de petits bidons en plastique au fond percé de trous, mais le fromage obtenu est moins parfumé.

Entreposé dans des chambres froides, le tulum mûrit pendant au moins six mois, parfois une année entière. L’excès d’humidité s’évapore lentement par les pores des peaux (ou par les trous au fond du bidon). Le fromage est alors conditionné pour la vente dans des boîtes de conserve, des sortes de saucissons emballés de plastique ou des boîtes en plastique. Le tulum d’Erzincan est le seul fromage turc à bénéficier d’une AOP (Appellation d’origine protégée, un label de qualité européen).

Le tulum est un fromage blanc-crème, très friable et qui fond dans la bouche. Corsé et salé, il est plutôt utilisé comme condiment, par exemple effrité sur une salade de pastèque.

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Rubrique : Desserts & sucreries

L’Italie n’est pas le seul pays célèbre pour ses glaces. Avec le salepi dondurma, un dessert ottoman glacé à base de poudre de tubercules d’orchidées, la Turquie se positionne très haut dans le panthéon des amateurs de glace.

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Si vous partez en vacances d’été en Turquie, il y a de fortes chances que vous tombiez sur un marchand de glaces proposant de la glace à l’orchidée, le salepi dondurma. Cette glace possède des propriétés physiques étonnantes : elle est à la fois très ferme et très élastique. Elle peut prendre la forme de rubans épais qui s’étirent sans se briser. La légende veut que l’on puisse s’en servir comme d’une corde à sauter… Depuis trois siècles, les glaciers la travaillent et la servent avec de longues barres de métal.

Les deux ingrédients essentiels du salepi dondurma sont la poudre de tubercules d’orchidées (ou salepi, mot venant d’une expression arabe signifiant « testicule de renard », dont la richesse en mucilages est à l’origine des propriétés physiques particulières de cette glace) et la résine de lentisque (ou mastic, qui lui donne son goût légèrement résiné). L’exportation de salepi pur de Turquie étant désormais interdite, on peut le remplacer par les poudres destinées à préparer le sahlep (dans toutes les épiceries orientales).

  • 400 ml de crème fleurette
  • 400 ml de lait entier
  • 110 g de sucre en poudre
  • 50 g de préparation à sahlep/sahlab
  • ½ cuillerée à café de mastic broyé

Placez le mastic une demi-heure au congélateur, puis broyez-le dans un mortier avec une grosse cuillerée à soupe de sucre en poudre.

Dans un bol mixeur ou un saladier, fouettez le mélange mastic-sucre avec 100 ml de lait jusqu’à dissolution complète. Dans un autre bol, faites dissoudre la préparation à sahlep dans 100 ml de lait en mélangeant bien (ça prend facilement en masse). Chauffez doucement les 200 ml de lait restant et ajoutez-les au mélange mastic-sucre en fouettant énergiquement (le bol mixeur s’avère précieux). Sans cesser de fouetter, ajoutez le mélange sahlep-lait, puis le reste du sucre et la crème fleurette. Lorsque le mélange est bien homogène, mettez-le dans une casserole et faites-le bouillir 20 minutes à feu réduit sans cesser de fouetter vivement (sinon c’est le goût de brûlé assuré). Laissez refroidir le mélange en fouettant de temps en temps et placez-le quelques heures au réfrigérateur avant de le mettre dans une sorbetière.

Si vous n’avez pas de sorbetière, placez le mélange dans un plat métallique, couvrez de manière hermétique et mettez au congélateur. Toutes les demi-heures, sortez le mélange et battez-le avec un mixer électrique ou (en avant les biceps !) avec un fouet ou une fourchette jusqu’à ce qu’il soit onctueux. Remettez une demi-heure au congélateur. Répétez l’opération au moins trois fois (en général c’est plutôt cinq fois !).

Consommez le salepi dondurma rapidement avant que le goût du mastic et celui du salepi ne se mélangent trop.

NB 1 : Une glace composée des mêmes ingrédients existe en Grèce sous le nom de pagoto kaimaki. Elle est généralement d’une consistance plus crémeuse que le salepi dondurma qui, lui, peut se mâcher…

NB 2 : Si vous arrivez à mettre la main sur de la poudre de salepi pure (on en trouve d’origine libanaise sur internet), remplacez le mélange à sahlep par deux cuillerées à café rases de salepi. Attention, la poudre de salepi fait prendre en masse tous les liquides qui croisent son chemin… Assurez-vous d’avoir un bol mixeur costaud ou des biceps de culturiste.

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Rubrique : Desserts & sucreries

Les pişmaniye sont des confiseries turques bien moins connues que les sempiternels loukoums… Proches de la barbe-à-papa, mais plus consistants, les pişmaniye fondent délicieusement dans la bouche.

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Les pişmaniye sont originaires d’Iran (où on les appelle pashmak). En turc, pişmaniye signifie repentance, un drôle de nom pour une douceur… Les hypothèses abondent pour justifier ce nom mais aucune n’est solidement étayée. Les pişmaniye existent en Turquie depuis le XVe siècle et sont probablement devenus une douceur classique de la cuisine des palais ottomans au XVIIe siècle.

Les pişmaniye sont fabriqués en malaxant, dans un récipient chauffé modérément, du sucre caramélisé et effilé avec une sorte de sauce béchamel (farine de blé revenue dans du beurre ou de l’huile). Le mélange est travaillé jusqu’à obtenir une barbe-à-papa dense. Avant l’apparition de machines adaptées, la fabrication des pişmaniye était une véritable épreuve physique exigeant des poignets solides et des biceps endurants. Aujourd’hui, la plupart des pişmaniye sont fabriqués dans la région d’Izmit. Ils sont conditionnés en bouchées (souvent décorées de pistaches hachées) ou en masse compacte.

Les pişmaniye sont assez difficiles à manipuler. Mordre dedans à pleines dents expose à une explosion pulvérulente et sucrée. Une fois en bouche, le pişmaniye fond pour devenir une masse crémeuse au goût discret (les Iraniens les parfument avec des arômes). Pour nos palais occidentaux, ils semblent au premier abord assez fades et inintéressants. Une deuxième tentative conduit rapidement à une troisième et… c’est la spirale infernale qui commence !

Les pişmaniye peuvent être effilochés et utilisés pour décorer un entremet, une mousse, une glace, etc.

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Rubrique : Desserts & sucreries

Dessert typiquement turc, l’aşure est l’exemple même du plat modeste qui tient une place centrale dans la culture culinaire de son pays d’origine, un peu comme le pot-au-feu chez nous. Très chargé de symboles, l’aşure est une magnifique métaphore alimentaire.

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En Turquie, l’aşure (prononcez ashouré) se cuisine le dixième jour du mois de Muharram, jour anniversaire du massacre de Kerbala (en 680) durant lequel l’imam Huseyn, petit-fils du Prophète, fut assassiné. Cette célébration, appelée Ashura, est centrale dans la foi chiite et donne lieu à de très nombreuses manifestations de deuil collectif. La légende veut que les survivants soient restés en vie en cuisinant un plat mélangeant tous les aliments qui leur restaient.

Une autre légende fait remonter l’aşure à Noé et à son arche : après 40 jours de pluie, les occupants de l’arche auraient survécu en mélangeant tous les aliments qui restaient à bord. Les Chrétiens d’Orient ont un plat similaire, ainsi que les Arméniens qui l’appelle « anouch abour ». Dans la religion chrétienne orthodoxe, une boisson contenant du blé, du sucre, de l’eau et des grains de grenade (la kolyva), est servie lors des funérailles et symbolise la douceur de la vie dans l’Au-delà.

Quelle que soit son origine, l’aşure est aujourd’hui un plat qui symbolise l’unité dans la diversité du fait de ses nombreux ingrédients : au moins 7 ou 15 selon les traditions. Tout l’art de l’aşure consiste à préserver les saveurs de ces ingrédients tout en créant une nouvelle saveur, celle de l’aşure. Cette saveur unique (et variable selon la recette locale) reste dans les mémoires gustatives turques comme celle de la madeleine trempée dans les papilles de Marcel Proust.

À partir du dixième jour de Muharram, l’aşure est préparé dans toutes les cuisines turques. Conditionné dans de petits ramequins, il est distribué parmi les membres de la famille, les voisins, les amis, les collègues, etc. L’aşure est avant tout un plat qui s’offre et se partage pour symboliser la paix et le respect de l’autre dans sa différence.

Pour 10 personnes

  • 200 g de blé concassé
  • 60 g de pois chiches secs
  • 60 g de haricots blancs secs
  • 4 cuillerées à soupe de riz à risotto
  • 10 abricots secs hachés
  • 5 figues séchées hachées
  • 50 g de raisins secs
  • 60 g de cerneaux de noix ou de pistaches grillées
  • 60 g de noisettes grillées hachées
  • 60 g d’amandes émondées
  • 60 g de pignons de pin grillés
  • 300 g de sucre brun
  • 2 cuillerées à soupe de Maïzena
  • 2 cuillerées à soupe d’eau de rose
  • 1 orange
  • les grains d’une grenade

Lavez plusieurs fois le riz et le blé concassé. Faites tremper séparément le riz, le blé, les haricots et les pois chiches toute une nuit. Le lendemain, faites tremper les abricots, figues et raisins secs dans 200 ml d’eau chaude pendant une demi-heure. Faites cuire le blé et le riz (ensemble) dans un litre d’eau fraîche jusqu’à ce qu’ils fondent sous la cuillère. Faites cuire les haricots et les pois chiches (ensemble) dans 600 ml d’eau fraîche jusqu’à ce qu’ils soient tendres (l’usage d’une cocotte-minute accélère les choses…).

Mélangez les haricots, les pois chiches, le mélange blé-riz-eau de cuisson et les fruits secs avec leur eau. Faites cuire pendant 15 minutes. Pelez l’orange, coupez les quartiers en morceaux, taillez le zeste (moins la partie blanche) en lanières. Ajoutez au mélange et faites cuire 5 minutes. Ajoutez le sucre progressivement en mélangeant. Faites fondre la Maïzena dans 3 cuillerées à soupe d’eau chaude et ajoutez au mélange. Amenez le tout à petite ébullition en remuant. Rajoutez de l’eau si nécessaire, l’aşure devrait avoir la consistance d’une compote. Retirez du feu et ajoutez l’eau de rose et les fruits secs. Répartissez dans de petits ramequins et décorez avec les grains de grenade.