Rubrique : Produits de la mer

Le roi de la bouillabaisse, vous connaissez ? Pour les Doudes marseillaises, il n’y en a qu’un : le Saint-Pierre. Derrière ses nageoires menaçantes et sa gueule surdimensionnée, ce poisson cache une chair ferme et savoureuse. Relativement rare sur les étals, le Saint-Pierre est à la hauteur de sa réputation chez les grands chefs.

saint-pierre

Zeus faber, voilà un nom de dieu grec ! C’est pourtant le nom latin du Saint-Pierre, un poisson présent sur les côtes rocheuses de nombreuses mers du monde. Carnivore, il se nourrit de petits poissons et de seiches qu’il happe de ses vastes mâchoires. Sur les étals des poissonniers, le Saint-Pierre (également appelé jean-doré, soleil ou poule de mer) mesure en général de 30 à 50 cm, mais il en existe de plus gros. Assez plat, il est aisément reconnaissable à la tache brune qui orne le centre de chacun de ses flancs.

Ces taches brunes sont au cœur de la légende et du nom du Saint-Pierre. Jésus aurait demandé à son compagnon Pierre d’attraper ce poisson pour des raisons qui divergent selon la version de l’histoire : pour récupérer une pièce d’or cachée dans sa bouche, ou pour débarrasser la Méditerranée de ce poisson qui, beaucoup plus gros à l’époque, y semait la terreur. Sa mission accomplie, le futur Saint Pierre aurait relâché la bête (dans une version de taille réduite) en y laissant la marque de ses pouces.

La chair dense du Saint-Pierre est si fine et si parfumée qu’il n’est guère besoin de la cuisiner. Les Doudes le fourrent de graines de fenouil ou d’anis, de rondelles de gingembre frais et de quartiers de citron jaune ou vert. Badigeonné d’huile d’olive et cuit au four (20-25 minutes à 150°C), il donne le meilleur de lui-même… Attention, sa grande nageoire dorsale peut facilement blesser. Demandez à votre poissonnier de la couper. Parfois, il est possible d’acheter des filets de Saint-Pierre préparés et prêts à être cuisinés, par exemple en papillotes.

Nul n’est parfait et le roi de la bouillabaisse possède deux défauts. La tête énorme du Saint-Pierre fait que seule une petite moitié de son poids est consommable. De plus, ce n’est pas un poisson très courant dans les filets des pêcheurs et il est assez cher. Point positif, il n’est pas surpêché et, pour peu que ce soit avec modération, les personnes soucieuses de la préservation des océans peuvent le manger sans scrupule.

Rubrique : Desserts & sucreries

Impossible, pour un blog tenu par deux Marseillais, de ne pas parler d’un des emblèmes gastronomiques de la cité phocéenne… Les navettes, biscuits à la fleur d’oranger en forme de barque, sont à la Chandeleur marseillaise ce que les crêpes sont ailleurs en France.

navettes

L’origine des navettes marseillaises est doublement légendaire. Selon les uns, elles symbolisent la barque (la « nave ») sur laquelle sont arrivées les « Saintes Maries de la Mer » (en fait, Marie-Salomé, Marie-Jacobé, Marie-Madeleine, Marthe et d’autres dont Lazare, le premier evêque de Marseille) peu après la mort de Jésus. Mais la plupart des Marseillais vous diront que les navettes évoquent plutôt l’échouage, au XIIIe siècle, d’une statue polychrome de la Vierge sur les rives du port.

Quelle que soit leur origine, les navettes sont un achat que les Marseillais font le jour de la Chandeleur, par douzaine (une navette pour chaque mois de l’année), en n’hésitant pas à faire la queue pendant des heures. Car, il faut le préciser, la VRAIE navette marseillaise se doit de sortir du « Four des Navettes », la plus ancienne boulangerie marseillaise (fondée en 1781), dans le quartier de l’abbaye de Saint-Victor. Ce jour-là, l’archevêque de Marseille bénit une fournée de navettes, probablement pour éviter de faire la queue lui-même…

Bon, soyons francs, les navettes marseillaises ne sont pas les plus riches des biscuits. Si elles contiennent des œufs ou du beurre (la recette en est jalousement gardée secrète), ça ne doit pas être en grande quantité. Mais elles peuvent ainsi se garder longtemps sans rancir. Ah n’oublions pas : les VRAIES navettes sont parfumées à la fleur d’oranger, point final.

NB Honte à nous, les navettes photographiées ici sont d’abominables copies… mais nous les remplacerons par des zotantiques dès que possible !

Le Four des Navettes
136, rue Sainte
13007 Marseille
www.fourdesnavettes.com

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