Rubrique : Paris

Quand l’un des restaurants préférés des Doudes se clone en plus grand, que faire sinon s’y précipiter ? Sola, c’est le nouveau projet de l’équipe du Youlin, dont nous vous avions dit le plus grand bien. Une fois de plus, les Doudes ont poussé des grognements de bêêêêtes en rut devant leurs assiettes…

Si Youlin se cache à l’ombre du Panthéon, Sola (de son vrai nom, Sola par Hiroki.Y) a choisi une rue calme à un jet de gargouille de Notre-Dame. Vu de la rue, le restaurant paraît très classique. Mais ses caves voûtées ont été aménagées « à la japonaise arthritique », c’est-à-dire avec du parquet et des tables basses surplombant des fosses pour ne pas avoir à manger assis en seiza (il ne manque que le hibachi et la nappe molletonnée pour en faire un kotatsu des familles…).

Chez Sola, comme chez Youlin, on choisit le nombre de plats, pas leur nature. Deux formules, l’une à 45 € (deux entrées, un plat, un dessert), l’autre à 60 € (deux entrées, deux plats, deux desserts et des bonus). Le soir où les Doudes y sont allés, la formule à 60 € comprenait :

  • une soupe au chou et au jus de romarin à se pâmer, avec un micro-toast de foie gras caramélisé au miso qui faisait crier : « Encore, encore ! » ;
  • une salade de légumes verts (dont des feuilles de capucine) assaisonnée d’une vinaigrette de yuzu et accompagnée d’un œuf poché, le tout avec une espuma d’origine inconnue (un escargot dans les capucines ?) et une sauce aux petits pois ou aux fèves fraîches ;
  • du calmar grillé et en tempura fondant à souhait, avec du chou chinois, des lamelles de champignon et des feuilles de ficoïde glaciale (Mesembryanthemum crystallinum ou ice plant) ;
  • du cabillaud à la sauce d’algues noires (hijiki, celles qui ont un goût de réglisse), avec un demi micro-radis blanc braisé, une petite sauce au chou-fleur et une sauce épicée au yuzu qui arrachait sa mère ;
  • un tendre morceau de pigeon braisé avec sa sauce de betterave et son chutney de pommes (manger du pigeon à Paris, ça nous rend toujours nerveux…) ;
  • une crème de yuzu avec une glace au kiwi et sa tuile de kiwi séché (une tuerie pour les papilles qui se tordent dans tous les sens) ;
  • une guimauve de poudre de soja (kinako) qui nous a laissés les yeux écarquillés et prêts à n’importe quelle bassesse pour en avoir une autre ;
  • une glace vanille avec une crème au chocolat, des noisettes caramélisées et une gaufrette au cacao, le seul point un peu tristouille de la soirée.

Comme son nom l’indique, Sola est sous la direction culinaire d’Hiroshi Y(ashitake), ancien de Ze Kitchen Gallery, entre autres. Les desserts sont l’œuvre de Fukano Hirobu qui pâlit un peu face à la maîtrise des entrées et des plats. Mais bon, on ne va pas cracher dans la soupe au chou : Sola, c’est aussi bon que Youlin dans un cadre plus confortable qui laisse plus de place aux papilles. Et que disent les Doudes à Youlin Ly ? « Jamais deux sans trois… ! »

Actualisation Février 2012 : Sola vient d’obtenir sa première étoile au Guide Michelin. Quand on vous disait que c’est bon…

Ouvert de 12h à 14h30 et de 19h à 22h
Fermé le dimanche et le lundi.

Sola par Hiroki.Y
12 rue de l’Hôtel Colbert – 75005 Paris – France
+33 1 43 29 59 04
www.restaurant-sola.com

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Rubrique : Boissons

Non, ce n’est pas la femme du clown… Verrrry funny ! La boza, c’est l’élixir énergétique des peuples turcophones, la boisson qui vous remet un janissaire en selle en plein cœur de l’hiver. Pour les palais novices, c’est une expérience gustative inédite, acide mais sucrée, crémeuse mais sans matière grasse.

La boza est une boisson fermentée traditionnelle d’Asie centrale que l’on retrouve aujourd’hui du Kirghizstan à la Serbie, sur les traces de l’Empire ottoman. Elle est particulièrement présente en Turquie où elle représente, avec le salep, l’un des plaisirs gustatifs de l’hiver. Même si les moyens modernes de réfrigération font que l’on en trouve désormais en été, la boza reste la boisson revigorante des frimas (avec un millier de calories par litre, elle peut l’être…) et des… femmes qui allaitent.

En Turquie, la boza est essentiellement fabriquée à partie de millet, les petites graines traditionnellement vendues pour les canaris… Après avoir été décortiquées, les graines de millet sont broyées, bouillies puis mises à refroidir dans de grands plats. Cette purée est ensuite filtrée, sucrée pendant le processus de fermentation et additionnée d’eau pour obtenir une consistance crémeuse (mais encore liquide).

Parce qu’elle est légèrement fermentée, la boza contient moins de 1 % d’alcool (mais certains producteurs en font sans alcool pour les musulmans pratiquants). D’une jolie couleur jaune poussin, la boza est légèrement acide mais cette première impression est rapidement atténuée par sa douceur. Fraîche, elle ne « pique » pas mais, après quelques jours, elle devient presque gazeuse (et n’est plus consommée). En Turquie, la boza est servie avec un soupçon de cannelle en poudre et des pois chiches grillés qui apportent une touche de croquant à l’affaire.

La boza n’est plus une boisson populaire parmi les jeunes générations turques. Si vous passez par Istanbul, ne manquez pas d’aller goûter de la boza de qualité dans la seule bozacısı (« débit de boza ») encore debout. Située dans le quartier de la Süleymaniye, la maison Vefa a été fondée en 1876 et continue d’être gérée par la famille des fondateurs. Avec son décor de bois blond et de faïences, et ses piliers couverts de miroirs à facettes, elle fait penser à l’enfant naturel d’un café portugais et d’une disco des années 1970.

Trouvez-y une place pour poser vos fesses, allez au comptoir chercher un verre de boza ultrafraîche (notez au passage les énormes seaux de marbre où est entreposée la boza) et laissez-vous aller à l’expérience de cette boisson d’un autre temps. Si vous souhaitez y jeter quelques pois chiches grillés, l’épicerie en face se fera un plaisir de vous en vendre dans un sachet de papier très vintage.

Ouvert tous les jours de 8 à 23 h – 1 € le verre.

Vefa Bozacısı
Katip Çelebi Caddesi 104/1 (mais le magasin est au début de Vefa Caddesi sur la gauche)
Vefa – Istanbul – Turquie
www.vefa.com.tr

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Rubrique : Bruxelles

Avez-vous remarqué comme les chocolatiers haut de gamme prolifèrent ces temps-ci ? Peut-être est-ce un effet du réchauffement climatique… À Bruxelles, depuis déjà quelques années, c’est Pierre Marcolini qui tient le haut du pavé. Pas un guide touristique qui ne catapulte son lecteur en direction du Sablon pour aller se cabosser dans la cabosse… Les Doudes sont parties enquêter.

Que faire un après-midi de novembre froid et pluvieux dans Bruxelles-la-grise ? Boire un bon chocolat chaud, pardi ! Et comme si les dieux théobromophores veillaient sur nous, nous voici devant une belle vitrine pleine de, de… comment dire ?… de godemichés en chocolat ??? Les Doudes s’émeuvent puis réalisent que ces objets phalloïdes sont en fait des Saint Nicolas (noir, blanc ou au lait). Mais bon… quand même, cette mitre, c’est un peu balanoforme, non ? (Allez, sortez-le ce dictionnaire !)

Or donc nous voici dans l’antre de Pierre Marcolini, chocogourou depuis 1995. Une décoration qui n’a pas peur de la grandiloquence, entre bordel fin XIXe et salon funéraire (remarquez, aimer le noir, pour un chocolatier, c’est assez naturel, non ?). Au rez-de-chaussée, notre regard tombe sur les quelques pâtisseries maison, très design : le Delvaux, l’Envol, l’Oviedo… qui ont en commun d’associer le croustillant avec des mousses ou des crèmes onctueuses. C’est également là que se trouvent les chocolats du Maître qui marient aux grands crus cacaotés des parfums inhabituels : poivre long, safran, thym, violette, baies roses, confiture de mangue, etc.

Mais, pour nous, le plus intéressant se trouve à l’étage. Pierre Marcolini a eu l’idée de produire des « grands crus de propriété », des tablettes de chocolat d’une seule origine, toutes dosées à 72 % de cacao : des crus venus de plantations de Madagascar, d’Équateur, du Venezuela, du Mexique, etc. À la dégustation, ces petites tablettes permettent de réaliser qu’à l’instar du vin ou du thé, chaque cru de cacao est le produit d’un terroir. En les comparant, on réalise soudain toute la richesse du produit : chacun d’entre eux dégage une acidité qui lui est propre et des parfums qui vont des fleurs aux fruits en passant par les épices. Une vraie découverte et un possible jeu de dégustation à l’aveugle entre amis cacaolâtres (à ne pas confondre avec amis scatophiles, merci).

Pierre Marcolini propose également des palets, des confits enrobés (citron, orange, clémentine, gingembre), des mendiants, des rochers… bref, tous les classiques du chocolatier, ainsi que des guimauves et des confitures. Si vous n’avez pas l’occasion d’aller à Bruxelles, des boutiques existent à travers le monde, dont deux sises à Paris. Il existe également une boutique en ligne sur le site qui est tout aussi grandiloquent que la boutique.

Au fait, pour le chocolat chaud, il faudra aller voir ailleurs…

89 rue de Seine, 75006 Paris – France
3 rue Scribe, 75009 Paris – France
Rue des Minimes 1, 1000 Bruxelles – Belgique

www.marcolini.com

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Rubrique : Accompagnements

Toujours à la recherche d’aliments nouveaux, les Doudes se penchent sur la nouvelle petite graine à la mode, celle qui cherche à supplanter le quinoa dans le cœur des végétariens et autres biobios : l’amarante. Nutritionnellement, une bombe. Culinairement, un AUCI (aliment d’usage culinaire indéfini)…

Vous croyiez avoir tout entendu avec le quinoa-graine-sacrée-des-Incas ? Voici l’amarante-graine-sacrée-des-Aztèques. Décidemment, les marketeurs d’alimentation alternative manquent sérieusement d’imagination lorsqu’ils essaient de nous fourguer leurs petites graines pour canaris… Et la prochaine fois, qui iront-ils exhumer ? Les Étrusques ? L’Empire kushan ? L’Atlantide ?

L’amarante, qui n’est pour rien dans ces délires mercantiles, est une plante qui pousse dans de nombreux endroits du globe. Ses différentes variétés sont cultivées pour leurs feuilles (en Asie et en Grèce), leurs racines (en Chine), mais également pour leurs minuscules graines (en Amérique centrale et du sud, et au Népal).

L’amarante est une plante qui peut atteindre deux mètres de haut et porte des panaches de fleurs, le plus souvent rouges. Elle n’est pas exigeante au niveau du sol et de l’humidité. Cinq cents grammes de semence suffisent pour planter un hectare et produire jusqu’à trois tonnes de graines (un seul panache de fleurs peut en donner un kilogramme !). De quoi titiller les agronomes qui cherchent à rendre les populations nutritionnellement autosuffisantes.

Comme le quinoa, l’amarante est plus proche du soja que du blé. De ce fait, ses graines sont riches en protéines de bonne qualité nutritionnelle et dépourvues de gluten. Elles contiennent également d’importantes quantités de calcium, de manganèse, de fer, de magnésium et d’acides aminés essentiels (en particulier de lysine). La farine obtenue à partir de ces graines était effectivement utilisée par les Aztèques mais aussi par les Mayas et les Incas.

Vous voilà convaincus et vous avez acquis un joli sac de graines d’amarante auprès de votre écomarket préféré. C’est là que les choses se corsent… Qu’en faire ? Foi de Doudes, pas grand chose !!! Les moudre en farine et les incorporer à un pain (moelleux et goût de noisette) ou les faire griller à la poêle, façon pop corn, pour les intégrer à un müsli ou à des barres énergétiques. Les promoteurs de l’amarante conseillent également de les faire bouillir (dans trois fois leur volume d’eau, 45 minutes à feu doux), mais là, comment dire…, on obtient une sorte de porridge gélatineux prompt à rassasier une armée d’Aztèques mais pas franchement ragoûtant. Deux cuillerées à soupe suffisent à se sentir le ventre lourd…

Pauvres soldats aztèques… Avec ça dans le ventre, comment se battre contre los Conquistadores ? L’amarante, cause première de la chute de l’empire aztèque ? Remarquez, les Incas n’ont pas fait mieux avec le quinoa…

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Rubrique : Bruxelles

Parmi les friandises préparées et vendues dans les rues, la gaufre tient le rôle d’ancêtre, sous des formes variées au cours des âges. Pour déguster une gaufre moelleuse et croustillante, mieux vaut mettre cap au Ch’Nord ou, comme les Doudes, filer en Belgique à la recherche de la gaufre primordiale, la mère de toutes les gaufres…

Si, par gaufre, on entend une pâtisserie cuite entre deux plaques embossées, alors l’origine de la gaufre remonte au moins jusqu’au Moyen-Âge. Elle est fille des « oublies », ces gaufrettes plates de qualité inégale qui, en France, ont été colportées jusqu’au XVIIIe siècle et qui, pendant des siècles, ont constitué la pâtisserie la plus populaire dans les deux sens du terme. Le principe de la cuisson entre deux plaques de fer est très ancien et convenait parfaitement à un monde où les fours domestiques étaient rares.

Au XVe et au XVIe siècle, les vendeurs d’oublies normales et d’oublies de supplication (les gaufres) s’installaient devant les églises les jours de fête. Figurez-vous que jusqu’au XVIIIe siècle, dans les églises parisiennes, alors que s’élevait le Gloria in excelsis de la messe de Pentecôte, on lâchait du haut des voûtes des oiseaux aux pattes lestées d’oublies ! D’où, probablement, l’expression « se gaufrer »…

Aujourd’hui, lorsqu’on dit « gaufre », on pense plutôt à la bonne gaufre toute chaude recouverte de sucre glace (ou de préparations plus caloriques…) mangée devant un camion ou un stand forain. Celle qui croustille pour révéler un cœur élastique et fondant. C’est un autre avantage de la structure alvéolée des gaufriers : plus de surface de cuisson pour plus de croustillant !

En Belgique, alma mater de la gaufre de qualité, il en existe plusieurs types selon la ville d’origine : la gaufre de Liège, épaisse, garnie de sucre perlé, ornée de 24 creux et sans coins ; la gaufre de Bruxelles, plus fine, plus légère (les œufs en neige dans la recette), à 20 creux et aux coins bien marqués ; la gaufre de Namur à la levure boulangère ; la gaufre de Verviers au miel ; etc.

Pour les Doudes, la bonne gaufre fut celle achetée au cul du camion Giovanni Lanni dans la rue Haute, en rentrant du marché aux puces des Marolles. Le sieur Lanni qui, semble-t-il, est le propriétaire d’un glacier éponyme rue de Tamines dans Saint-Gilles. Comme nos photos le prouvent, les Doudes gaufrologistes ont identifié là un magnifique spécimen hybride de gaufre bruxello-liégoise : 20 trous, pas de coins ! Des tonnes de sucre caramélisé dans les alvéoles et une légèreté toute bruxelloise. Que du bonheur.

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Rubrique : Épices, condiments & herbes

Dans la série des aliments sortis d’on-se-sait-où, il est normal que le Festin consacre un article à Marmite, cette pâte britannique plus que centenaire qui fait crier de dégoût la plupart des Continentaux. Un classique qui, depuis quelques années, cherche à se donner une image quasi-branchouille.

Là où il y a des brasseries, il y a des résidus de brassage. Ces amas noirâtres formés par les levures destinées à fermenter la bière sont utilisés pour préparer Marmite (prononcez « Marmaïte »). Les levures sont traitées au sel et filtrées pour donner un liquide brun qui est ensuite concentré et enrichi en vitamines (même si la matière première en contient déjà beaucoup). Selon les pays, la pâte obtenue porte des noms de marque différents : Marmite au Royaume-Uni, Vegemite et Promite en Australie (mais ils ont aussi leur recette particulière de Marmite, fabriquée en Nouvelle-Zélande, moins intense et parfumée au caramel), Cenovis en Suisse, etc.

Marmite est un peu l’ancêtre de toutes ces pâtes puisqu’il est né en 1902, soit avant la découverte des vitamines qui allaient faire son succès. En effet, Marmite est très riche en vitamines B, particulièrement importantes pour le système nerveux et pour prévenir l’anémie. Pendant la Première Guerre Mondiale et dans les années qui suivirent, la réputation de Marmite s’est construite sur cette richesse en vitamines à une époque où l’alimentation n’était pas vraiment optimale.

Quelque soit la marque, les extraits de levure de bière sont salés et fort en goût, un goût malté très intense qu’il faut apprendre à aimer. Pour s’y faire et profiter de leurs bienfaits nutritionnels, le meilleur moyen est de préparer un mélange à part égale de beurre et de pâte de levure, et de tartiner ce mélange sur une belle tranche de pain. Ah… là déjà, ça va mieux ! Les plus courageux peuvent se titiller le réflexe nauséeux avec certaines préparations « à l’anglaise » : dans du lait chaud avec du miel, tartiné avec du beurre de cacahuètes ou des œufs brouillés, tartiné avec des bananes écrasées, ou, comble de l’albionisme perfide, tartiné avec du beurre et de la marmelade d’oranges. Pour les extrémistes, signalons un livre de recettes autour de Marmite.

Récemment, Unilever, le géant de l’agroalimentaire qui possède la marque, a tenté de rajeunir l’image de Marmite à grands coups d’éditions spéciales : enrichi au champagne (pour la Saint-Valentin…) ou aux levures qui servent à brasser la Guiness, par exemple. De plus, toutes sortes de snacks marmitisés ont récemment vus le jour : biscuits d’apéritif, noix de cajou, crackers de riz et même… poudre pour chocolat chaud parfumée au Marmite !

En France, Marmite est assez facile à trouver dans les grandes surfaces (rayon Produits d’entretien exotiques) ou dans les épiceries britanniques. Enjoy!

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Rubrique : Desserts & sucreries

C’est sûr, c’est un peu galvaudé, mais une virée en Belgique, ça reste toujours une virée au pays du spéculoos. Même si des biscuits similaires existent aux Pays-Bas ou en Allemagne, les terres outre-quiévraines sont LA patrie du biscuit à la cassonade caramélisée et aux épices. Biscuit ? Depuis quelques années, le concept spéculoossien s’étend à d’autres types d’aliments.

En des temps reculés, à l’époque où l’une des unités doudiennes fréquentait le Caprice des Dieux (entendez le bâtiment du Parlement européen bruxellois qui possède la forme du fromage du même nom), son arrivée matutinale en Gare du Midi comprenait une encaféination expresse au comptoir, toujours accompagnée d’un petit spéculoos. Depuis, le goût du dit-biscuit lui évoque inmanquablement les brumes de la capitale belge au petit matin.

En Europe du Nord, le spéculoos est un biscuit qui est traditionnellement consommé autour de la Saint-Nicolas. À cette époque de l’année, on en trouve de toutes sortes dans les boulangeries belges et néerlandaises (sous le nom de Speculaas, c’est nettement moins appétissant…). Le reste de l’année, les spéculoos sont plutôt des produits industriels (la Belgique en produit la bagatelle de plus de 400.000 tonnes chaque année, dont 70 % partent à l’export), en particulier sous la marque Lotus ou Vermeiren Princeps.

Les spéculoos sont faits à partir de farine, de beurre, d’œufs, de cassonade (qui caramélise à la cuisson, c’est tout le secret du spéculoos) et d’épices (cannelle, muscade, girofle, gingembre). La pâte repose au moins une nuit pour que les parfums se mélangent. Elle est ensuite moulée, traditionnellement en forme de personnages qui racontent la geste de Saint Nicolas.

Depuis quelques années, le spéculoos s’évade de son statut de biscuit à grignoter avec le café pour devenir un ingrédient à part entière. Ainsi fleurissent toutes sortes de recettes parfumées au spéculoos : cheesecakes, glaces, crèmes brûlées, etc. La marque Lotus propose même du thon cuit en croûte de spéculoos et piment, ou un tajine d’agneau aux spéculoos qui semble délicieux. Mais le nouveau concept qui affole les papilles belges depuis 2008, c’est la pâte de spéculoos à tartiner… Il en existe même une version croustillante (avec des miettes de spéculoos) qui fait gravement saliver l’une des unités doudiennes. Surtout lorsque la tartine empile pâte de spéculoos croustillante et confiture acidulée type fruits rouges. Le bon vieux PBJ (peanut butter jelly) sandwich revu à la belge !

Si vous passez par Bruxelles, essayez les spéculoos de chez Dandoy (une maison fondée en 1829 qui fait également de bons pains d’épices et qui fournit la Cour de Belgique). La pâte de spéculoos à tartiner se trouve facilement dans les supermarchés du nord de la France. Vous pouvez également la préparer vous-même.

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Rubrique : Accompagnements

Nixtaquoi ? Nixtaqui ? Quand vous aurez fini de glousser, les Doudes vous raconteront comment, depuis des millénaires, les habitants d’Amérique centrale améliorent les qualités nutritionnelles du maïs. Et comment ce maïs-là sert à faire le plat le plus populaire du Mexique, le pozole.

Le maïs est originaire d’Amérique centrale où, depuis au moins trois millénaires, il n’est consommé qu’après une préparation particulière, la nixtamalisation. Les grains sont bouillis pendant quelques dizaines de minutes dans une solution alcaline (de l’eau de chaux ou de l’eau de cendres riches en potasse), puis laissés à tremper dans leur eau de cuisson pendant plusieurs heures. Abondamment lavés, ils sont ensuite séchés (c’est le nixtamal) ou broyés en farine (la masa).

Cette préparation a pour but de rendre le maïs plus facile à moudre en permettant de séparer le grain de sa coque dure. De plus, elle transforme les protéines des grains pour les rendre plus digestibles et plus équilibrées, elle rend la vitamine B3 (niacine) assimilable par l’intestin et elle augmente la durée de conservation du maïs en détruisant les champignons microscopiques dont les toxines peuvent provoquer des cancers du foie. Enfin, les grains ainsi traités s’enrichissent du calcium ou du potassium contenus dans la solution alcaline.

Lorsque les Espagnols rapportèrent le maïs en Europe, ils firent fi de la nixtamalisation car les moulins européens de l’époque étaient plus performants que ceux des Aztèques. Mais ils ignoraient les bénéfices nutritionnels de cette préparation. Pendant des siècles, les paysans européens ont, de ce fait, mangé un maïs appauvri et dépourvu de vitamine B3 digestible, causant de grandes épidémies de pellagre (la carence en niacine). Encore aujourd’hui, la farine de maïs produite ailleurs qu’en Amérique centrale est artificiellement enrichie en niacine.

En Amérique centrale, les grains de maïs nixtamalisés sont vendus sous le nom de nixtamal, de maïs pozolero ou de maïs cacahuazintle. Séchés, ils doivent être bouillis plusieurs heures jusqu’à ce qu’ils s’ouvrent en corolle et soient al dente (il existe également des conserves prêtes à l’emploi). Le nixtamal sert à la préparation de nombreux plats dont le pozole, un ragoût (ou une soupe) qui leur associe des piments verts ou rouges et de la viande de porc. Ce plat précolombien sacré était autrefois préparé avec la viande débitée des victimes de sacrifices religieux humains…

La farine nixtamalisée est utilisée dans la préparation des tortillas de maïs, des tamales (des pâtés fourrés de viande ou de légumes et cuits dans des spathes de maïs) et de l’atole, une boisson épaisse à base de farine, de lait et de sucre, parfumée au chocolat ou à l’anis.

Aux États-Unis, les grains de maïs nixtamalisés prennent le nom d’hominy ou de posole. Ils sont hachés plus ou moins finement pour cuisiner les grits, un accompagnement typique de la cuisine des États du Sud. Les Amérindiens du sud-ouest des États-Unis préparent, eux aussi, un pozole où les grains cuits sont ensuite préparés en ragoût avec de la viande (de porc ou d’agneau), des oignons, des poivrons verts et rouges et de jeunes raquettes de nopal (le figuier de Barbarie local), le tout assaisonné avec de l’ail et de l’origan.

Si vous voulez cuisiner un bon pozole, on trouve du nixtamal (souvent appelé « masa ») dans les épiceries centraméricaines (par exemple, à Paris : Mexi&Co, 10 rue Dante, 75005).

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Rubrique : Bruxelles

Dans une ville inconnue, quand il pleut des curés et des belles-mères, il est bon de trouver un lieu qui donne le sentiment de se réfugier dans un cocon. Si ce lieu est, de plus, un festival de couleurs, on ne veut plus en sortir pour affronter la pluie et le froid. Pixel Wine Bar, un minuscule bar à vins bruxellois, c’est exactement cela.

Pixel Wine Bar est situé dans le très classieux quartier du Sablon, au carrefour de plusieurs rues. De l’extérieur, l’œil est irrésistiblement attiré par le décor : 8 580 petits coussins de 27 laines multicolores, fourrés de mousse isolante, qui forment un champ de coquelicots pixelisé sur les murs et le plafond. Deux mois de travail pour plusieurs personnes et, au bout, un arc-en-ciel pointilliste qui brille dans la grisaille d’un jour de pluie, à travers une belle devanture. Un irrésistible appel à s’y poser.

Ce paysage décomposé est l’incroyable travail de Charles Kaisin, un designer local très versé dans le recyclage d’objets et de matières (chaises et bancs en papier/plastique plissé, par exemple, ou une incroyable « chaise poilue » en papier journal). Charles Kaisin est également le designer d’un chocolat de Pierre Marcolini créé pour fêter le trentième anniversaire du Centre Pompidou.

Depuis son ouverture fin 2009, Pixel Wine Bar sert de petites créations culinaires simples, genre tapas belgifiés ou wraps d’outre-Quiévrain. Lors de notre passage, il proposait d’excellentes tartines et une soupe de chicons (d’endives, en VSTF) relevée et amère dont la recette nous ferait très plaisir (avissssse à la populationg !). Des salades, des fromages, de la charcutaille…

Avec ses murs capitonnés, Pixel Wine Bar est un endroit parfait pour se poser après une longue balade dans Bruxelles, un verre de vin à la main, en jouant à flouter sa vision pour retrouver le champ de coquelicots à l’origine de cette explosion colorée. La musique y est bonne et le personnel sympathique.

Ouvert sept jours sur sept, à partir de 10h.
Restauration de 11h à 14h30 (16h le weekend) et de 16h (17h le weekend) à 22h.
Happy Hour du lundi au vendredi de 17h30 à 18h30.
Rue Ernest Allard, 39-41 – 1000 Bruxelles – Belgique
+32 (0)2 502 20 84

pixelwinebar.be

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Rubrique : Fruits & dérivés, Riz

Pour son réveil après un trop long sommeil, le Festin se la pète un peu et balance un mot turc pour désigner les bonnes vieilles… griottes ! Pourquoi les griottes ? Non seulement le Festin se la coulait douce, mais en plus ils nous balancent un fruit hors saison !!! Eh bien, des griottes parce que c’est tendance dans les plats de viande et qu’on en trouve désormais des surgelées dans les magasins idoines dont le nom commence par P…

En Turquie (désormais rebaptisée Doudoland), les habitants vouent un culte passionnel à la griotte. Et de fait, ce pays en est le deuxième producteur mondial après la Russie. Les Doudolandiens (ok ok les Turcs) célèbrent la griotte sous toutes ses formes : telle qu’elle, en jus, en confiture, séchées, en cheesecake (oui, le cheesecake est très populaire en Turquie, ça doit être leur côté lactolâtre post-nomadique), etc. De nombreux plats salés en contiennent, comme dans tout le Proche et le Moyen-Orient. La griotte se marie particulièrement bien avec l’agneau.

Pour vous donner envie de l’adopter, voici une recette perse et afghane (on n’est pas chauvins au Doudoland !).

Albalu polo (riz aux griottes)

Pour six personnes

  • 4 verres de griottes dénoyautées fraîches ou surgelées
  • ½ verre de sucre en poudre pour 500 g de griottes
  • 1 verre de sucre en poudre
  • 1 verre d’huile ou de beurre clarifié (ghee)
  • 3 verres de riz basmati
  • 1 cuillerée à soupe d’amandes effilées
  • 2 cuillerées à soupe de pistaches effilées
  • 2 cuillerées à soupe de beurre fondu
  • ½ cuillerée à café de sel
  • une dizaine de pistils de safran trempés dans deux cuillerées à soupe d’eau citronnée
  • ½ cuillerée à café de cannelle en poudre

Faites tremper le safran au moins six heures. Lavez les trois verres de riz cinq fois dans de l’eau chaude. Laissez-le tremper dans de l’eau froide salée pendant quelques heures.
Faites cuire les griottes et le sucre pendant 35 minutes à feu vif, puis égouttez-les en gardant le jus. Ajoutez aux griottes la cannelle et deux cuillerées à soupe de beurre fondu. Mélangez, mettez de côté.
Faites bouillir huit verres d’eau avec deux cuillerées à soupe de sel. Versez-y le riz égoutté et laissez-le cuire six minutes en remuant de temps en temps. Égouttez le riz et rincez-le avec deux ou trois verres d’eau tiède.
Dans une cocotte, mettez quatre cuillerées à soupe d’huile, un demi-verre d’eau et une cuillerée à café d’eau safranée. Recouvrez de deux spatules de riz bien tassées tout au fond de la cocotte, puis une spatule de griottes. Alternez de la même manière en plusieurs couches pour faire une pyramide (gardez l’équivalent de deux spatules de griottes pour la décoration).
Couvrez et faites cuire à feu moyen pendant dix minutes. Ajoutez le reste de l’eau safranée sur le dessus de la pyramide et réduisez le feu. Couvrez la cocotte avec un torchon, fermez bien avec le couvercle pour éviter que la vapeur ne s’échappe. Faites cuire à feu doux pendant 40 minutes. Ôtez le couvercle et versez sur le riz un mélange d’un demi-verre de jus des griottes mélangé à un demi-verre de beurre fondu. Remettez à cuire dix minutes.
Enlevez la cocotte du feu et laissez-la refroidir sur une surface plate et froide pendant cinq minutes sans ôter le couvercle. Servez délicatement le riz dans un plat, sans défaire la croûte qui s’est formée au fond (tah-digh). Formez une pyramide et garnissez-la avec les griottes réservées, les amandes, les pistaches. Versez sur la pyramide un mélange d’un quart de verre de jus de griottes (chaud) et de deux cuillerées à soupe de beurre fondu. Servez avec des parts de croûte.

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