Rubrique : Turin

Aller manger vénitien lors d’un séjour turinois, ça peut paraître idiot. Mais lorsqu’on y est amené par la classissime Francesca, on ne discute pas. On obéit et on apprécie le moment magique dans un restaurant chaleureux, parfait pour se laisser aller aux confidences tout en poussant de petits gémissements de plaisir gustatif.

La cuisine vénitienne est une cuisine qui exprime beaucoup d’originalité. Inspirée par des siècles de commerce d’épices mené de main de maître par la Sérénissime, elle joue d’associations inhabituelles (ah les pâtes aux palourdes et au cacao ou celles au crabe et à la fraise de feu La Bauta, avenue du Montparnasse…). Sur la place du Sanctuaire de la Consolata, à Turin, se trouve un restaurant vénitien qui vaut le détour.

Il Bacaro Pane e Vino est un petit restaurant bar à vins sur deux niveaux (les bacari sont les bars à vins typiques de Venise où l’on peut grignoter un morceau). En bas, une petite salle à manger et un espace-apéritif où l’on peut boire un verre en mangeant des cicchetti, les tapas vénitiennes : petits poissons frits, petits poulpes, croquettes, tourtes, etc.  En haut, deux salles dont l’une donne directement sur la place et la façade de la Consolata. En été, les tables envahissent la place.

Au menu ce soir-là, des tagliolini au civet de lièvre (délicieusement parfumé au clou de girofle), une soupe de pois chiches et de palourdes, des bigoi in busara (des sortes de spaghetti très épais de blé complet, avec une sauce tomate épicée et des langoustines), des seiches à l’encre, de la morue alla Vicentina (cuite au four avec du vin blanc et des oignons) et un étonnant millefeuille de veau au radicchio et à l’asiago (un fromage du nord-est de l’Italie). Les desserts sont présentés sur une table à l’entrée du restaurant : strudel aux pommes, tarte au citron, etc.

Il Bacaro Pane e Vino propose régulièrement des concerts de jazz. À la lumière des bougies et des petits guirlandes lumineuses qui le décorent, il est facile de s’y sentir bien. Le cadre est chaleureux : meubles de récupération hétéroclites, nappes blanches, grands miroirs anciens… Idéal pour un dîner en amoureux ou une pause complice avec ses amis de longue date.

Environ 30 € par personne avec le vin.
Ouvert tous les jours sauf le dimanche.
Piazza della Consolata 3/F – Torino – Italie
+39 011 436 9064

www.bacaropanevino.com

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Rubrique : Paris

Un bon bouiboui chinois sans devoir aller dans le 13e arrondissement, c’est tout bénéf’ pour les Doudes. Si en plus ce bouiboui propose des pâtes fraîches étirées sous nos yeux ébahis et de la cuisine bien épicée du Sichuan, alors c’est jackpot ! Happy Nouilles, c’est slurpslurpslurp miammiammiam et des sinus bien ramonés en sortant.

Les restaurants chinois proposant des nouilles fraîches (la mian) préparées sur place se multiplient à Paris. Les la mian sont (littéralement) des « étirées nouilles », cousines des laghman ouigoures ou des lagman ouzbeks. Au métro Arts et Métiers, à côté de la rue au Maire, le plus ancien quartier chinois de Paris, un de ces établissements vient d’ouvrir, tenu par une équipe jeune, sichuanaise, féminine et particulièrement sympathique.

Happy Nouilles, c’est d’abord le spectacle en vitrine : la fabrication des la mian à la main (la mian/la main, funny isn’t it?). La personne qui officie saisit un cylindre de pâte par ses extrémités et le secoue de haut en bas pour qu’il s’étire façon corde à sauter. Un coup de poignet pour replier la corde et hop ! une belle torsade qui est pétrie, secouée de nouveau, torsadée, pétrie, secouée, torsadée… Ensuite, en utilisant les doigts comme des peignes, la pâte est divisée, pliée, coupée, divisée, pliée, coupée et, tadaaaa, voici des spaghettis épais tout doux, les fort appétissantes la mian.

Et comment mange-t-on ces merveilles d’artisanat culinaire ? Al dente dans un bouillon riche et goûteux avec divers accompagnements (tang mian) ou sautées au wok (chao mian). Parmi les plats préférés des Doudes chez Happy Nouilles, il y a les tang mian au bœuf épicé (épicé est le mot-clé…) et celles au porc haché, moins incendiaires. Mais aussi la version sautée, délicieusement grasse et goûteuse… Pour accompagner les nouilles, nous recommandons de délicieux petits cœurs de choux chinois sautés à l’ail ou une salade de bébés aubergines intensément parfumée.

Happy Nouilles, c’est une quinzaine de tang mian et pas mal de chao mian. Il y en a pour tous les goûts et sans casser sa tirelire (de 6 à 10 € le plat). Pas de la haute gastronomie, mais des plats riches en goût qu’on ne peut pas faire chez soi (un bon bouillon pour les nouilles se fait en grande quantité et mijote des heures). Si vous y allez tard, vous y croiserez une faune interlope dont on se demande bien où elle peut se dissimuler dans la journée. On sort d’Happy Nouilles tendu comme un tambour en se pourléchant les babines et en songeant au plat que l’on essaiera la prochaine fois. Pas mal pour un bouiboui !

95 rue Beaubourg – 75003 Paris
+33 1 44 59 31 22

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Rubrique : Boissons, Turin

Boisson emblématique de la ville de Turin, le bicerin est la savante superposition de trois couches distinctes : chocolat épais, café espresso et crème de lait mousseuse. S’il est servi dans tous les cafés de la ville, le vrai, l’unique bicerin se déguste chez son inventeur supposé, le café-pâtisserie « Al Bicerin ».

Parmi les nombreuses églises de Turin, ville du Saint Suaire, la plus émouvante est celle du Sanctuaire de la Vierge de la Consolation, la Consolata pour les autochtones. Ce sanctuaire très ancien est la juxtaposition de plusieurs styles : tour romane et modifications plus tardives sous l’égide des grands architectes baroques turinois, Guarino Guarini (au XVIIe) et Filippo Juvarra (au XVIIIe). La Consolation est un espace ovale entouré de petites chapelles également ovales, une sorte de multiplex religieux doré et chargé à souhait. Des murs entiers couverts d’ex-voto peints à la main témoignent de son importance dans la vie des Turinois.

Après l’émotion de la Consolata, il suffit de traverser la place pour s’asseoir dans un petit café-pâtisserie ouvert là depuis 1763. « Al Bicerin » a le charme désuet et l’accueil un peu formel et revêche des cafés historiques. On s’y installe en surveillant ses gestes pour y commander la boisson éponyme, le bicerin (prononcez « bitchérinn » ce qui signifie « petit verre » en piémontais), celle qui figure dans tous les guides touristiques et dans la correspondance d’Alexandre Dumas père, de Nietzsche ou de Puccini.

Quelques instants plus tard arrive un verre, aussi stratifié que le sanctuaire de l’autre côté de la place. Au fond, un chocolat chaud épais et sucré dont la préparation est tenu jalousement secrète (aurait-il un petit goût de cannelle ?). Au milieu, un café espresso bien amer et sans sucre. Et au-dessus, comme un battement d’ailes d’angelots, de la mousse de crème de lait.

Le bicerin serait né au XVIIIe siècle d’un ancêtre appelé « bavareisa » où les mêmes trois ingrédients étaient mélangés au lieu d’être superposés. Ici, pas question de mélanger, les trois couches se dégustent si possible séparément, et c’est ce « si possible » qui fait le charme du bicerin. Parfois les goûts se mêlent : c’est d’autant plus délicieux que le mélange semble coupable ! Riche, contrasté, un petit peu prétentieux, le bicerin est une boisson baroque parfaitement assortie à l’architecture turinoise.

Al Bicerin
Ouvert de 8h30 à 19h30 sauf le mercredi.
Piazza della Consolata 5 – 10122 Torino – Italie
www.bicerin.it

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Rubrique : Turin

Des restaurants « écolo-gastronomiques », vous en connaissez ? Ça sent le concept-markéteux-piège-à-bobos, non ? Eh bien, à Turin, ville du Slow Food, il existe Dausin – cibi vicini, un restaurant véritablement soucieux de contribuer à réduire les émissions de dioxyde de carbone. Une expérience originale qui prouve que l’on peut marier conscience écologique et excellence culinaire.

Tout est dans le nom. « Dausin » est la traduction de « Proche » en dialecte piémontais et « cibi vicini » signifie « plats du coin » en italien. On ne peut pas faire plus clair : ce restaurant est partisan du principe « zéro kilomètre » qui vise à réduire les émissions de dioxyde de carbone en proposant des mets cuisinés de préférence à partir d’ingrédients produits dans un rayon de 150 km autour de Turin.

Situé dans le quartier San Salvario de Turin, mondialement célèbre pour avoir vu grandir l’une des Doudes, Dausin – cibi vicini est un restaurant agréable tenu par de jeunes restaurateurs soucieux à la fois de la santé de la planète et des papilles de leurs clients. Chez Dausin, la carte est l’exact reflet de la production locale de saison. Des spécialités piémontaises dont les ingrédients ont été directement achetés à de petits producteurs locaux.

En ce soir de printemps où les Doudes y firent bombance, Dausin proposait, outre le buffet d’antipasti variés, des gnocchi au civet de lapin, des ravioli rouges à la crème de gorgonzola et aux trévises, des tajarin (les tagliatelles piémontaises) au citron et à la crème de broccoli crus et de scamorza (une sorte de mozzarella), du lapin au vin blanc, olives et carottes, de l’albese (tartare de veau) à la sauce moutarde et miel, etc.

En dessert, bien sûr, le bonèt, un flan typique du Piémont, mais également une tarte à l’amaretto ou la mythique Torta 900, un gâteau au chocolat spécialité d’une pâtisserie de la ville d’Ivrea au nord de Turin. Les vins sont bien sûr de production locale, ce qui n’est pas difficile à quelques encablures de Barolo…

Chez Dausin – cibi vicini, la logique « zéro kilomètre » s’applique même aux éléments non culinaires : nappes, carnets de commande, etc. Et si l’un des ingrédients ne pousse pas dans la région (par exemple, le cacao du bonèt), les propriétaires de Dausin prennent soin de se le procurer chez un petit fournisseur local.

Pour goûter les spécialités piémontaises lors d’un passage à Turin, Dausin – cibi vicini est un très bon choix : un restaurant à l’ancienne, comme au temps où manger dans une ville signifiait forcément goûter à des recettes régionales préparées à partir de produits locaux.

Environ 25 € par personne avec le vin.
Fermé le samedi midi et le dimanche.

Via Goito 9 à l’angle de la via Galliari, 10125 San Salvario – Torino – Italie
+39 011 6693933

La page Facebook de Dausin – cibi vicini

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Rubrique : Paris

Quand on a érigé l’errance gustative en modus operandi, l’idée de goûter à des variations japonaises sur des plats français est irrésistible. Youlin, c’est ça : une caverne microscopique où l’on peut déguster une cuisine française déclinée selon des principes japonais. À moins que ce ne soit l’inverse…

À deux pas du Panthéon, dans une rue calme, une devanture japonisante où figure un écriteau : « Ici pas de sushi ! » Passé la porte, on se retrouve dans un bar à saké japonais (un izakaya). Décor de bois à angles droits, bar au plancher enfoncé dans le sol, bouteilles de saké alignées, musique trendy japonaise, on se frotte un peu les yeux. Kyoto ou Paris ? Cet endroit est un restaurant/bar japonais depuis les années 1950. En 2007, il a été repris par Youlin, parisien tuniso/sino/cambodgien passé par deux séjours au Japon et par la cuisine d’Eichii Edakuni, patron du restaurant Guilo Guilo.

Chez Youlin, on déguste du saké et du shoshu (le saké en plus fort) en mangeant une sorte d’équivalent nippon des tapas espagnoles, désormais proposées en menus sur l’air du kaiseki, ce banquet miniature japonais. Trois menus à quatre, huit et dix plats (21, 35 et 50 €) qui changent tous les mois. Derrière, un cuisinier japonais venu à Paris apprendre la cuisine française et que Youlin invite à décliner les saveurs hexagonales sous une forme japonaise. Bel et difficile exercice de style plus ou moins réussi, mais toujours intéressant.

Le soir où les Doudes s’y sont posées, le menu à huit plats (Omakasse) proposait successivement : un assortiment de foie gras sur pain d’épices, de poulet sauce miso rouge et de crème de carottes et crabe ; un velouté de chou-fleur froid ; un morceau de daikon sauté chapeauté d’une crevette ; du saumon à la scamorza fumée et au shiitaké ; un trou normand granité pamplemousse-menthe ; des morceaux de caille sautée au poivre de yuzu et purée de lentilles ; une sublime galette de risotto grillé à la sauce de sésame blanc et bœuf au miso rouge ; enfin, un flan de potiron. De minuscules portions, mais un estomac plein en bout de course.

Youlin est, avec Worshop Issé, l’un des rares lieux parisiens à proposer des dégustations de saké haut de gamme. Pour ceux qui n’aiment que le gros rouge qui tache (avec des saveurs françaises, rien de honteux à cela), Youlin propose également une excellente sélection de vins probablement choisis par son épouse œnologue (et japonaise, encore des cultures entrelacées). Seule critique (il faut bien en faire une pour que les compliments restent crédibles), le choix des plats tend à ignorer la saison ce qui n’est, finalement, ni français ni japonais…

Réservation fortement conseillée.
3 rue Valette – 75005 Paris

+33 1 43 26 05 32

youlin.fr

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Rubrique : Turin

Quand le mouvement Slow Food rencontre le monde des glaces, cela donne Grom, une petite chaîne turinoise qui surfe sur la vague du développement durable et qui commence à se développer à l’étranger. Ingrédients triés sur le volet, concept marketing ultraléché, les glaces Grom sont ce qui se fait de mieux, hors production artisanale.

En mai 2003, dans le centre de Turin, c’était le buzz du moment : un nouveau glacier avait ouvert, proposant de bons produits et rajeunissant le concept. Dans cette ville riche en glaciers historiques (Pepino, l’inventeur de l’esquimau enrobé de chocolat – le « pinguino » italien – et Fiorio, présent depuis le XVIIIe siècle), l’irruption d’une nouvelle star du gelato fit grand bruit. Depuis, plus de trente succursales Grom ont ouvert, en Italie mais également à Tokyo, Malibu, New York et… Paris.

Le concept Grom, c’est une glace faite « à l’ancienne » avec des ingrédients de qualité produits dans des conditions compatibles avec les principes du Slow Food et du développement durable. En 2007, Grom a acheté Mura Mura, une exploitation de huit hectares dans la région d’Asti, pour y planter des variétés anciennes de fruits, cultivés selon les normes de l’agriculture biologique.

Au-delà de ce joli concept marketobobo, que valent les glaces Grom ? Les Doudes, méfiants comme des belettes, sont allés enquêter au péril de leur taux de cholestérol. Côté parfums, rien à redire, nous sommes dans les grands classiques des gelati, déclinés selon la provenance des matières premières : noisettes Tonda Gentile delle Langhe (les Langhe sont une région du Piémont située autour de Barolo), citrons Sfusato Amalfitano (à côté de Naples), pistaches de Bronte (ville qui s’étend au pied de l’Etna), pêches de Leonforte (à côté d’Enna, également en Sicile), etc.

Côté glaces, la qualité est au rendez-vous même si, pour l’une des Doudes, on est un peu trop dans le produit calibré pour le goût général. Texture crémeuse sans être trop grasse, parfums bien dosés, mais on n’est pas dans la production artisanale à la Pozzetto. Peut-être est-ce l’environnement marketing superléché qui influence le jugement. Chez Grom, tout est pensé avec un œil sur le concept : coupes en papier certifié Forest Stewardship Council ; cuillères en Materbi, une sorte de plastique biodégradable produit à partir d’amidon de maïs et d’huiles végétales ; sorbets préparés à l’eau de source Lurisia ; etc.

Si vous passez par Turin, deux autres glaciers, plus artisanaux, valent vraiment le détour : Alberto Marchetti (où l’on peut déguster une délicieuse glace à la farine de maïs grillé, la farina bonna, ou au bonèt, un flan cacao-amaretti typique du Piémont) et notre préféré, Mondello, un microglacier sicilien à la diabolique glace au miel et au safran.

Grom à Paris : 81, rue de Seine – 75006 Paris.
Les quatres Grom turinois.
Pepino – Piazza Carignano, 8 – Torino, Italie.
Fiorio – Via Po, 8 – Torino, Italie.
Alberto Marchetti – Corso Vittorio Emanuele II, 24 bis – Torino, Italie.
Mondello – Piazza Emanuele Filiberto, 8 – Torino, Italie.

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Rubrique : Rome

Rome est pleine de trattorie et il est difficile d’en élire une plutôt qu’une autre. Finalement, à nourriture similaire, elles ne se différencient que par l’affection qu’on leur porte, souvent pour des raisons éminemment subjectives. Pour les Doudes, LA trattoria romaine c’est La Botticella.

Depuis quelques années, le quartier du Trastevere (« trans Tiberim », l’Outre-Tibre) perd rapidement son esprit prolétaire pour devenir un quartier touristique et branché. Il est donc devenu plus difficile d’y trouver un restaurant populaire qui préserve l’esprit local. Dans une ruelle un peu à l’écart de la foule, parallèle et à l’ouest de la Via della Scala, La Botticella est une poche de résistance face aux mangeries qui envahissent le quartier.

Avec ses toiles cirées en vichy rouge et blanc, sa treille, sa décoration intérieure parfaitement kitsch (des soldats romains, des statues de dieux, des photos d’Anna Magnani et d’Alberto Sordi, de la peinture rose, etc.), la Botticella est la parfaite trattoria romaine, de celles qu’on éviterait partout ailleurs. Pourtant, là, on se sent bien. Grâce à la cuisine, grâce à l’adorable patronne et à son sbire, une sorte de Roy Orbison géant.

La Botticella sert les grandes spécialités de la cuisine romaine : les inévitables artichauts à la juive bien sûr (frits), mais aussi la tarte aux anchois et aux endives, les fleurs de courgette farcies d’anchois et de mozzarella, ou la soupe de brocolis et d’arzilla (la raie bouclée, Raja clavata). Bien sûr, les pâtes sont en bonne place : rigatoni alla pajata (aux intestins de veau non sevrés cuits avec le lait caillé encore à l’intérieur…) ou schiaffoni all’amatriciana (des sortes de cannelloni plats avec une sauce tomates-piments-pecorino romano).

De nombreux plats de viande sont à la carte : la porchetta (le cochon de lait farci et grillé), les saltimbocca alla romana (escalope de veau roulée avec des feuilles de sauge), les tripes à la romaine (avec des carottes, du céleri et des tomates), la coda alla vaccinara (queue de veau « à la bouchère », longuement mijotée avec des légumes), bref de quoi rendre heureux les carnivores de passage. En dessert, si vous avez encore de la place, essayez la torta romana à la ricotta et au chocolat.

À la belle saison, on peut manger dehors, sous les draps qui sèchent en travers de la ruelle. La Botticella, on y va et l’on y revient. Parce que c’est Rome, parce que c’est bon, parce que c’est comme dans les films… Marceeeellllo ! Marceeeellllo !

Environ 30 € par personne avec le vin.
Ouvert de 19h à minuit tous les jours sauf le mercredi, et pour déjeuner le dimanche et les jours fériés.

Vicolo del Leopardo, 39/A – 00153 Trastevere – Roma
+ 39 06 581 4738

www.ristorantelabotticella.com

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Rubrique : Rome

Avez-vous déjà vu une librairie transformée en restaurant ? Avez-vous déjà traversé des rayons de livres en jonglant avec une assiette pleine, des couverts, un verre de jus d’orange, une serviette… À Rome, au cœur du quartier du Trastevere, la librairie-centre-culturel-webcafé-restaurant Bibli permet tout cela et plus encore…

Bibli, c’est une institution romaine. Créée en 1995, cette structure culturelle est une sorte d’oasis dans le très touristique et bobo-ifié quartier du Trastevere, si cher à Pasolini. Bibli est d’abord une librairie de plusieurs salles organisées autour d’une courette. Elle se double d’un centre culturel où sont organisés des conférences, des rencontres, des lectures, des concerts, des projections de films, des activités pour les enfants, etc.

Bibli est également un centre d’accès au réseau (avec wifi gratuit) et un café-restaurant qui sert des déjeuners, du thé et des gâteaux dans l’après-midi, un apéritif-buffet à partir de 18h30 (avec ambiance de musique classique), un petit brunch le samedi et un grand brunch le dimanche.

Les Doudes ont essayé le brunch du dimanche et ce fut un moment surréaliste. Imaginez une librairie envahie de tables, avec des buffets croulants sous les salades, les légumes au four, les pâtes, les tartes salées, les pâtisseries, les pancakes, etc. Une foule bigarrée se croise en essayant (un peu vainement) de ne rien renverser sur les livres… Le personnel de Bibli se démène pour que les buffets soient toujours garnis et les clients satisfaits, contribuant à l’effet de fourmilière en folie.

Bibli, c’est un espace comme on rêve d’en avoir un dans son quartier. Ouvert sur le monde et sur les cultures, où la gourmandise est traitée sur le même pied que la curiosité intellectuelle. Si vous passez par Rome le temps d’un weekend, décrochez le téléphone, prenez votre plus bel accent italien pour réserver et allez vous offrir toutes les nourritures dont l’âme et le corps ont besoin. Après cet instant magique, les ruelles du Trastevere vous paraîtront encore plus belles.

Ouvert le lundi de 17h30 à minuit, les autres jours de 11h à minuit.
Brunch samedi et dimanche de 12h30 à 15h30 (réservation conseillée), 20 €.
Déjeuner les autres jours de 12h30 à 15h30, 10 €.
Apéritif avec buffet tous les jours de 18h30 à 21h30, 10 €.

Via dei Fienaroli, 28 – 00153 Trastevere, Roma.
+ 39 06 581 4534

www.bibli.it

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Rubrique : Paris

Avez-vous déjà goûté à la cuisine géorgienne ? Au khinkali ? À l’adjapsandal ? Au khatchapuri ? Au shakarlama ? Pour explorer les saveurs du versant sud du Caucase et pour travailler sa diction, rien de tel qu’une virée chez Pirosmani, l’un des rares restaurants géorgiens à Paris.

Lorsqu’on voyage en Russie et que l’on veut bien manger, il est courant que l’on finisse dans un restaurant géorgien ! Avec son climat méditerranéen, ses fruits, ses légumes, ses vins, la Géorgie est un pays de cocagne pour les gourmands. Sa cuisine est à la fois originale et influencée par les cuisines voisines : Russie, Arménie, Iran, Turquie. Pour la découvrir, Pirosmani est un bon point de départ. Un petit restaurant-couloir sympathique, perdu au milieu des mangeries touristiques du quartier Saint-Michel.

Que mange-t-on chez Pirosmani ? En entrée, quelques plats emblématiques de la cuisine géorgienne : par exemple, la soupe khartcho, au mouton, riz et légumes, assez épicée ; la soupe piti, au mouton et cuite dans un pot en terre ; le khatchapuri, une sorte de pizza supercochonne recouverte de fromage sulguni fondu ; l’adjapsandal, une ratatouille froide riche en aubergines ; le lobio, un plat à base de haricots rouges et de noix hachées.

Les plats principaux sont variés : par exemple, les khinkali, de gros raviolis proches des mantı, farcis de viande ou… de griottes (servis avec de la crème fraîche, un délice !) ; les tolma, des feuilles de chou farcies ; le khartcho (oui, comme la soupe), ragoût de viande en sauce servi avec du riz, et qui n’est pas sans rappeler les khoresh perses ; la solianka (géorgienne, pas russe), du bœuf à la tomate et aux cornichons malossol (doux) ; le tchakapuli, un ragoût d’agneau au vin blanc, aux herbes et à la coriandre ; le tchanakh, un ragoût de viande de mouton présenté dans un petit pot de terre sphérique, accompagné de roulades d’aubergines farcies d’herbes fraîches, de pommes de terre et de tomates entières cuites.

Et les desserts, ვაშა! Les Géorgiens adorent la crème fraîche et le font savoir. Essayez le gâteau de crêpes aux griottes (oui, ils aiment également beaucoup les griottes), ou, divin, le shakarlama, une sorte de panna cotta en plus riche… Pour accompagner le repas, l’un des célèbres vins géorgiens. Essayez un rouge demi-sec comme le Khvanchkara. Dis comme ça, on se demande si ça va bien se marier avec les plats salés et ça marche ! Les vins géorgiens méritent vraiment d’être mieux connus : des blancs (Gourdjaani, Telavi, Tsinandali, etc.), des rouges secs (Saperavi, Mukuzani, Tavkeri, etc.) ou des rouges demi-secs (Kindzmarauli, Ojaleshi, Akhacheni, etc.).

Du nom d’un peintre naïf du début du XXe siècle, un héros national mort de malnutrition dans ce pays gourmand, Pirosmani est un restaurant qui sent bon la cuisine familiale, celle qu’une დედა (deda, maman) géorgienne doit préparer à sa famille. Il propose également des spécialités russes, mais quel intérêt quand on peut déguster cette cuisine qui allie si bien des influences aussi diverses ? Pirosmani ? დიდებულია!

Environ 30 € par personne le soir, avec les boissons.

6 rue Boutebrie – 75005 Paris
+ 33 1 43 26 17 65

NB : Profitez d’être dans un restaurant géorgien pour admirer leur alphabet…

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Rubrique : Paris

Malgré la présence de nombreux Serbes et autres anciens citoyens yougoslaves dans la région parisienne, les restaurants serbes n’y sont pas nombreux. Pour découvrir les spécialités serbes, Zavicaj est un excellent choix. Le cadre et les plats valent bien une petite virée dans le 18e arrondissement.

Le restaurant Zavicaj (« Au pays natal ») est un petit morceau de Serbie niché au nord de Paris. Vastes tables en bois, bancs, instruments agricoles et vieux clichés aux murs, vaisselle en grès artisanal, le cadre y est chaleureux et campagnard. On s’y sent bien accueilli par la patronne et sa fille, toujours prêtes à vous conseiller et à vous expliquer le menu.

La carte de Zavicaj est riche en spécialités serbes qui, pour ceux familiers avec la cuisine turque, rappellent que les Balkans ont longtemps été sous la tutelle ottomane. En entrée, goûtez l’excellent feuilleté au fromage et aux épinards (proche des börek turcs), le poivron pané et farci au jambon et fromage, servi avec de la crème fraîche, la soupe d’agneau à la serbe ou la charcuterie fumée.

Chez Zavicaj, les plats principaux sont essentiellement à base de viande (les Serbes sont un peuple éminemment carnivore !) : les pljeskavica (le hamburger balkanique géant) nature ou fourré au fromage et aux lardons, des ćevapi (des cylindres saucissoïdes composés d’un mélange de viandes hachées), du cochon de lait grillé (plus Serbe, ce n’est pas possible…), du sarma (chou farci), du kupus et du podvarak (les choucroutes serbes), du goulash, du pasulj (le cassoulet serbe), etc. Pas léger-léger mais délicieux ! Le tout accompagné d’oignons crus qui se rappellent à vous longtemps, longtemps…

Les amateurs de sucré ne sont pas oubliés chez Zavicaj. Les desserts y sont à la fois d’inspiration slave, autrichienne et ottomane : par exemple, un savoureux feuilleté aux griottes ou aux pommes (un strudel en plus délicat), le tulumba (une sorte de churros au sirop, très oriental), des baklava ou de la krempita, la version serbe du gâteau russe « Napoléon », un cousin du millefeuille avec beaucoup plus de crème et beaucoup moins de feuilles.

Et pour arroser tout ça, du vin serbe (d’excellents cabernet-sauvignon, par exemple), de la bière ou de la rakija, l’alcool blanc de fruits qui dissout toutes les matières grasses ! On sort de chez Zavicaj en se disant que, pour un aussi intéressant mélange d’influences, la cuisine serbe reste un territoire vierge à explorer toutes papilles dehors. Une deuxième virée s’impose !

Environ 30 € par personne, boissons comprises.
Fermé le lundi.

16 rue Simplon – 75018 Paris
+ 33 1 42 52 13 12

zavicaj.fr

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