Rubrique : Istanbul

Un restaurant spécialisé dans le petit-déjeuner mais qui les sert jusqu’au soir, c’est une bonne idée, non ? Si, en plus, ce restaurant sélectionne des produits artisanaux venus tout droit des fermes d’Anatolie profonde, comment résister ? Les Doudes vous emmènent découvrir le pantagruélique petit-déjeuner kurde.

Dans les villes kurdes de l’est de l’Anatolie, il existe une tradition de salons de petit-déjeuner (« kahvaltı salonları », comme nous avons nos salons de thé) qui sont ouverts de jour comme de nuit. Oui, chez les Kurdes, le petit-déjeuner est une affaire sérieuse qui peut se passer en soirée… Avec l’exode rural, cette tradition a diffusé vers l’ouest du pays et, en particulier, à Istanbul où les kahvaltı salonları poussent comme des champignons après une pluie d’août. Ces établissements rivalisent entre eux en proposant des produits anatoliens « de la ferme » : fromages, miel, crème fraîche, yaourt, etc.

Pour les Doudes, il n’existe qu’UN kahvaltı salonu stambouliote digne de ce nom : Van Kahvaltı Evi, la Maison du Petit-Déjeuner de (la ville de) Van. Véritable quartier général matinal des Doudes, ce restaurant est tenu par une famille kurde et une petite armée de jeunes serveurs branchouilles que les Doudes ont affublés de surnoms totémiques : la Fouine, le Porc-Épic, etc.

À quoi ressemble un petit-déjeuner de Doudes chez Van Kahvaltı Evi ? Au centre de la table, une assiette variée avec quatre sortes de fromage, dont le très repoussant Van otlu peynir marbré d’herbe de prairie en saumure (pour les agricoles, imaginez du fromage à l’ensilage de ray-grass…), des tomates, des concombres, des olives vertes et noires, des œufs durs, du persil, de la confiture (fraise ou cerise) et un mélange de mélasse de jus de raisin (pekmez) et de pâte de sésame qui a exactement le goût… du beurre de cacahuète !

Autour, une corbeille débordant de toutes sortes de pains, du thé, du jus de fruits frais (un mélange grenade – orange, par exemple) et divers plats selon nos envies : le plus souvent, des œufs brouillés à la saucisse turque, avec ou sans tomates, et des gözlemeler, des sortes de crêpes croustillantes farcies de fromage, d’épinards, de champignons ou d’aubergines.

Mais le summum de cette débauche doudienne, c’est le bal-kaymak : une petite assiette de miel sauvage kurde (bal, avec des fragments de cire, à l’ancienne) et une petite assiette de crème fraîche épaisse et mousseuse comme on ne trouve qu’en Turquie (kaymak). Du pain tout chaud, une couche de miel, une couche de crème (sans la briser, merci) et c’est l’extase anatolienne…

Van Kahvaltı Evi est également connu pour son cacık (« djadjeuk », une salade de yaourt épais au concombre, ail et menthe) et pour son muturğa, une sorte de porridge servi avec des noix. Si vous passez dans le quartier de Cihangir entre 7h et 19h, tous les jours de la semaine, allez vous gaver chez Van Kahvaltı Evi. Foi de Doudes, ce sera l’une de vos plus authentiques expériences culinaires à Istanbul. Attention, les samedis et dimanches matin, queue assurée. En été, on peut déjeuner dehors.

Autour de 10€ par personne.

Defterdar Yokuşu 52/A – Cihangir – Istanbul
+90 212 293 6437

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Rubrique : Paris

Parfois, votre chemin croise une carte de restaurant qui vous fait saliver comme un petit-gris et dont les plats semblent faire écho à votre envie de fusion culinaire. Seulement voilà… au lieu de découvrir de nouvelles harmonies, vous vous retrouvez au cœur d’une cacophonie maladroite qui vous met les nerfs en pelote. Récit des Doudes au pays de Playtime.

Comment, lorsqu’on prétend s’intéresser aux errances culinaires, ne pas fondre devant un restaurant dont la carte contient des phrases comme « fumet de miso au galanga et feuilles de kaffir » ou « mousse fumée au wasabi et gingembre râpé » ? Playtime, la nouvelle incarnation de Viveka Sandklef et Jean-Michel Rassinoux, dit juste cela. Et, au lu des critiques, les Doudes y ont couru comme si le petit Jésus venait d’y naître.

En entrée, ce fut un peu la confusion. En face d’une très intéressante mousse légère (un euphémisme !) de racines de persil, anguille fumée, huile de citronnelle, il y avait des noix de St-Jacques marinées au garam masala (sans goût), mousse de citron bergamote et (absence de) pousses de shiso vert. Mais notre perplexité fut à son comble avec l’arrivée des plats.

Sur une assiette, une aile de raie de bon aloi faisait la gueule à un risotto à la pousse rouge rosâtre et plâtreux qui fut renvoyé tel quel en cuisine (franchement, on en a tué pour moins que ça sur les rives du Pô). Sur les bords, un caviar d’aubergines sans âme et une excellente purée de betteraves jaunes à la cardamome comptaient les points. En face, des noix de joues de porc à la citronnelle et au miso se demandaient justement où étaient passés ces deux ingrédients. D’honnêtes noix de joues de porc traditionnelles sans relief, avec une polenta aux olives noires un peu trop salée.

Les desserts répétèrent le sketch des entrées. En face d’une glace au safran, poire pochée au vin rouge et gâteau aux épices de Noël délicieux bavouillait le mariage contre-nature d’une espuma de chocolat blanc – clou de girofle et d’une gelée de mandarine. La tuile aux graines de sésame en était rigide d’effroi.

Playtime est la démonstration grandeur nature que les rencontres inédites de saveurs ne font pas forcément de la bonne cuisine. Et qu’à vouloir trop faire d’esbroufe dans une seule assiette, on finit par perdre le fil. Au lieu d’errances gustatives si chères à nos cœurs, il ne reste plus que des errances tout court… et le sentiment qu’un mauvais lutin avait secoué les placards au hasard Balthazar.

Lorsqu’on compare la prestation de Playtime à celle de Youlin/Sola ou, dans un ordre de prix plus similaire, de celle de l’Avant-Goût (26 rue Bobillot, 75013) avec son pot-au-feu de cochon aux épices ou de sa crème au chocolat sur lit de confiture de poivrons, là, c’est le wasabi au yuzu qui vous monte au nez devant tant de maladresse !

Formule Soir : entrée/plat ou plat/dessert à 28 €, entrée/plat/dessert à 35 €.
Fermé les samedi, dimanche et lundi soir.

5 rue des Petits Hôtels – 75010 Paris
+33 1 44 79 03 98
(à ne pas confondre avec la péniche Playtime à Ivry-sur-Seine !)

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Rubrique : Paris

Quand l’un des restaurants préférés des Doudes se clone en plus grand, que faire sinon s’y précipiter ? Sola, c’est le nouveau projet de l’équipe du Youlin, dont nous vous avions dit le plus grand bien. Une fois de plus, les Doudes ont poussé des grognements de bêêêêtes en rut devant leurs assiettes…

Si Youlin se cache à l’ombre du Panthéon, Sola (de son vrai nom, Sola par Hiroki.Y) a choisi une rue calme à un jet de gargouille de Notre-Dame. Vu de la rue, le restaurant paraît très classique. Mais ses caves voûtées ont été aménagées « à la japonaise arthritique », c’est-à-dire avec du parquet et des tables basses surplombant des fosses pour ne pas avoir à manger assis en seiza (il ne manque que le hibachi et la nappe molletonnée pour en faire un kotatsu des familles…).

Chez Sola, comme chez Youlin, on choisit le nombre de plats, pas leur nature. Deux formules, l’une à 45 € (deux entrées, un plat, un dessert), l’autre à 60 € (deux entrées, deux plats, deux desserts et des bonus). Le soir où les Doudes y sont allés, la formule à 60 € comprenait :

  • une soupe au chou et au jus de romarin à se pâmer, avec un micro-toast de foie gras caramélisé au miso qui faisait crier : « Encore, encore ! » ;
  • une salade de légumes verts (dont des feuilles de capucine) assaisonnée d’une vinaigrette de yuzu et accompagnée d’un œuf poché, le tout avec une espuma d’origine inconnue (un escargot dans les capucines ?) et une sauce aux petits pois ou aux fèves fraîches ;
  • du calmar grillé et en tempura fondant à souhait, avec du chou chinois, des lamelles de champignon et des feuilles de ficoïde glaciale (Mesembryanthemum crystallinum ou ice plant) ;
  • du cabillaud à la sauce d’algues noires (hijiki, celles qui ont un goût de réglisse), avec un demi micro-radis blanc braisé, une petite sauce au chou-fleur et une sauce épicée au yuzu qui arrachait sa mère ;
  • un tendre morceau de pigeon braisé avec sa sauce de betterave et son chutney de pommes (manger du pigeon à Paris, ça nous rend toujours nerveux…) ;
  • une crème de yuzu avec une glace au kiwi et sa tuile de kiwi séché (une tuerie pour les papilles qui se tordent dans tous les sens) ;
  • une guimauve de poudre de soja (kinako) qui nous a laissés les yeux écarquillés et prêts à n’importe quelle bassesse pour en avoir une autre ;
  • une glace vanille avec une crème au chocolat, des noisettes caramélisées et une gaufrette au cacao, le seul point un peu tristouille de la soirée.

Comme son nom l’indique, Sola est sous la direction culinaire d’Hiroshi Y(ashitake), ancien de Ze Kitchen Gallery, entre autres. Les desserts sont l’œuvre de Fukano Hirobu qui pâlit un peu face à la maîtrise des entrées et des plats. Mais bon, on ne va pas cracher dans la soupe au chou : Sola, c’est aussi bon que Youlin dans un cadre plus confortable qui laisse plus de place aux papilles. Et que disent les Doudes à Youlin Ly ? « Jamais deux sans trois… ! »

Actualisation Février 2012 : Sola vient d’obtenir sa première étoile au Guide Michelin. Quand on vous disait que c’est bon…

Ouvert de 12h à 14h30 et de 19h à 22h
Fermé le dimanche et le lundi.

Sola par Hiroki.Y
12 rue de l’Hôtel Colbert – 75005 Paris – France
+33 1 43 29 59 04
www.restaurant-sola.com

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Rubrique : Bruxelles

Avez-vous remarqué comme les chocolatiers haut de gamme prolifèrent ces temps-ci ? Peut-être est-ce un effet du réchauffement climatique… À Bruxelles, depuis déjà quelques années, c’est Pierre Marcolini qui tient le haut du pavé. Pas un guide touristique qui ne catapulte son lecteur en direction du Sablon pour aller se cabosser dans la cabosse… Les Doudes sont parties enquêter.

Que faire un après-midi de novembre froid et pluvieux dans Bruxelles-la-grise ? Boire un bon chocolat chaud, pardi ! Et comme si les dieux théobromophores veillaient sur nous, nous voici devant une belle vitrine pleine de, de… comment dire ?… de godemichés en chocolat ??? Les Doudes s’émeuvent puis réalisent que ces objets phalloïdes sont en fait des Saint Nicolas (noir, blanc ou au lait). Mais bon… quand même, cette mitre, c’est un peu balanoforme, non ? (Allez, sortez-le ce dictionnaire !)

Or donc nous voici dans l’antre de Pierre Marcolini, chocogourou depuis 1995. Une décoration qui n’a pas peur de la grandiloquence, entre bordel fin XIXe et salon funéraire (remarquez, aimer le noir, pour un chocolatier, c’est assez naturel, non ?). Au rez-de-chaussée, notre regard tombe sur les quelques pâtisseries maison, très design : le Delvaux, l’Envol, l’Oviedo… qui ont en commun d’associer le croustillant avec des mousses ou des crèmes onctueuses. C’est également là que se trouvent les chocolats du Maître qui marient aux grands crus cacaotés des parfums inhabituels : poivre long, safran, thym, violette, baies roses, confiture de mangue, etc.

Mais, pour nous, le plus intéressant se trouve à l’étage. Pierre Marcolini a eu l’idée de produire des « grands crus de propriété », des tablettes de chocolat d’une seule origine, toutes dosées à 72 % de cacao : des crus venus de plantations de Madagascar, d’Équateur, du Venezuela, du Mexique, etc. À la dégustation, ces petites tablettes permettent de réaliser qu’à l’instar du vin ou du thé, chaque cru de cacao est le produit d’un terroir. En les comparant, on réalise soudain toute la richesse du produit : chacun d’entre eux dégage une acidité qui lui est propre et des parfums qui vont des fleurs aux fruits en passant par les épices. Une vraie découverte et un possible jeu de dégustation à l’aveugle entre amis cacaolâtres (à ne pas confondre avec amis scatophiles, merci).

Pierre Marcolini propose également des palets, des confits enrobés (citron, orange, clémentine, gingembre), des mendiants, des rochers… bref, tous les classiques du chocolatier, ainsi que des guimauves et des confitures. Si vous n’avez pas l’occasion d’aller à Bruxelles, des boutiques existent à travers le monde, dont deux sises à Paris. Il existe également une boutique en ligne sur le site qui est tout aussi grandiloquent que la boutique.

Au fait, pour le chocolat chaud, il faudra aller voir ailleurs…

89 rue de Seine, 75006 Paris – France
3 rue Scribe, 75009 Paris – France
Rue des Minimes 1, 1000 Bruxelles – Belgique

www.marcolini.com

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Rubrique : Bruxelles

Dans une ville inconnue, quand il pleut des curés et des belles-mères, il est bon de trouver un lieu qui donne le sentiment de se réfugier dans un cocon. Si ce lieu est, de plus, un festival de couleurs, on ne veut plus en sortir pour affronter la pluie et le froid. Pixel Wine Bar, un minuscule bar à vins bruxellois, c’est exactement cela.

Pixel Wine Bar est situé dans le très classieux quartier du Sablon, au carrefour de plusieurs rues. De l’extérieur, l’œil est irrésistiblement attiré par le décor : 8 580 petits coussins de 27 laines multicolores, fourrés de mousse isolante, qui forment un champ de coquelicots pixelisé sur les murs et le plafond. Deux mois de travail pour plusieurs personnes et, au bout, un arc-en-ciel pointilliste qui brille dans la grisaille d’un jour de pluie, à travers une belle devanture. Un irrésistible appel à s’y poser.

Ce paysage décomposé est l’incroyable travail de Charles Kaisin, un designer local très versé dans le recyclage d’objets et de matières (chaises et bancs en papier/plastique plissé, par exemple, ou une incroyable « chaise poilue » en papier journal). Charles Kaisin est également le designer d’un chocolat de Pierre Marcolini créé pour fêter le trentième anniversaire du Centre Pompidou.

Depuis son ouverture fin 2009, Pixel Wine Bar sert de petites créations culinaires simples, genre tapas belgifiés ou wraps d’outre-Quiévrain. Lors de notre passage, il proposait d’excellentes tartines et une soupe de chicons (d’endives, en VSTF) relevée et amère dont la recette nous ferait très plaisir (avissssse à la populationg !). Des salades, des fromages, de la charcutaille…

Avec ses murs capitonnés, Pixel Wine Bar est un endroit parfait pour se poser après une longue balade dans Bruxelles, un verre de vin à la main, en jouant à flouter sa vision pour retrouver le champ de coquelicots à l’origine de cette explosion colorée. La musique y est bonne et le personnel sympathique.

Ouvert sept jours sur sept, à partir de 10h.
Restauration de 11h à 14h30 (16h le weekend) et de 16h (17h le weekend) à 22h.
Happy Hour du lundi au vendredi de 17h30 à 18h30.
Rue Ernest Allard, 39-41 – 1000 Bruxelles – Belgique
+32 (0)2 502 20 84

pixelwinebar.be

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Rubrique : Istanbul

Peut-être vous demandez-vous pourquoi, ces temps-ci, le Festin prend ses aises et musarde au lieu de livrer ses deux articles hebdomadaires ? Les deux coupables sont un festival de danse contemporaine, iDANS, et une cantine stambouliote, Fıccın, qui accaparent l’œil doudien et laissent en plan la plume doudienne…

Une fois n’est pas coutume, le Festin doit révéler l’état de ses cuisines pour expliquer la lenteur du service. Figurez-vous que l’unité doudienne chargée des images, celle qui vit désormais à Istanbul (« Istanbul, pont entre l’Orient et l’Occident, blablabla… »), est professionnellement au cœur du mælström d’un festival de danse contemporaine, iDANS, qui dure tout au long du mois d’octobre.

Dans son bureau hanté de chats, dans les divers lieux de spectacle ou dans les rades travelotesques des bas-fonds stambouliotes, notre photographe attitré galope pour s’assurer que les artistes irano-norvégiens, libano-français ou turco-kazakhs sont bien accueillis, en quatre langues et demie. Sale temps pour les photos du Festin…

Mais tout aussi artistiques que soient son âme et son emploi du temps, notre héros doit néanmoins se sustenter de nourritures bassement terrestres. Et pour cela, soir après soir, une seule cantine, archiconnue des autochtones : Fıccın, l’un des meilleurs rapports qualité/prix de Beyoğlu, le quartier situé au nord de l’embouchure de la Corne d’Or.

Ce restaurant (en fait, trois succursales dans la même rue) a été ouvert en 1996 par Leyla Karakaynak, une Turque originaire de Circassie. D’où ??? Non, pas du chapiteau des Bouglione, mais de la Circassie, là où l’extrémité ouest de la chaîne du Caucase plonge dans la Mer Noire (aujourd’hui, la république d’Adyguée, nichée au sein du Kraï de Krasnodar, dans la fédération de Russie… ça fait rêver, non ?).

Durant toute le règne de l’Empire ottoman, la Circassie a fourni aux Sultans de très nombreuses épouses, ce qui permettait d’éviter que le trône puisse être revendiqué par d’autres familles turques que celle du Sultan. Outre ses femmes, réputées les plus belles de toute la région, la Circassie a également donné quelques spécialités culinaires à la Turquie. En particulier, le fıccın (prononcez « feudjdjeun »), une grande galette où de la viande hachée parfumée est fourrée entre deux fines couches d’une sorte de génoise salée.

Chez Fıccın, bien sûr, on trouve cette spécialité circassienne mais également une soupe au poulet (Tulen), du poulet à la circassienne (Çerkes tavuk) servi avec une sauce aux noix, ail et paprika, ou des mantı aux pommes de terre qui tiennent plus des pierogi russes ou polonais que des mantı habituellement servis en Turquie. Parfois, Fıccın propose du pourpier cuit à l’huile d’olive avec des tomates, de l’ail et du riz (Zeytinyagli semizotu).

Fıccın est un restaurant extrêmement populaire chez les Istanbullular qui travaillent dans le quartier. Avec des plats oscillant entre 4 et 7 €, une cuisine savoureuse et un accueil chaleureux, Fıccın est une bénédiction pour les locaux comme pour les touristes.

Environ 10 € par personne.
Ouvert tous les jours de 7h à 21h.

Kallavi Sokak 13/1 – 7/1 (sur Istiklal, en face de l’église St Antoine de Padoue) Beyoğlu – Istanbul
+90 (212) 293 37 86

www.ficcin.com
ou sur Facebook

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Rubrique : Paris

Pour découvrir la cuisine d’un pays, rien de tel que de suivre des amis qui y plongent leurs racines. Les Doudes sont partis explorer la cuisine magyare avec Olivier et Valérie, experts es-gourmandise en général, et en gourmandises hongroises en particulier. Et capables de lire le menu sans trébucher sur les « szt », les « szk » ou les « csk »…

La cuisine hongroise est probablement la cuisine européenne qui concentre le plus grand nombre d’influences. Ce territoire a été si souvent dominé par des cultures voisines que la culture magyare n’a dû sa survie qu’à sa capacité à les absorber, sinon dans sa langue, au moins dans sa cuisine. Les influences slaves, turques, allemandes, autrichiennes, italiennes, mais également françaises, sont venues se greffer sur le vieux fond nomade asiatique.

Pour ceux qui aiment la paléontologie culinaire (identifier les anciennes strates étrangères dans une cuisine locale), la cuisine hongroise est un vrai lunapark. Voici une cuisine symbolisée par le paprika, alors que le poivron y est finalement d’importation assez récente (au XVIIe siècle sous l’influence des Turcs). Mais en creusant un peu, on y trouve des éléments nomades comme les pogácsa (des galettes en Hongrie, des petits pains en Turquie sous le nom de poğaça), les brochettes (chachlick, le même mot qu’en Asie centrale), la multitude de pâtes faites maison (les « galuska »), parfois séchées, ou le principe du ravioli qui rappelle les mantis centrasiatiques.

Or donc, sur la butte Montmartre, se trouve un petit morceau de Hongrie fort sympathique : Au Petit Budapest. Un tout petit restaurant, chaudement décoré de vues de Budapest et de diverses antiquités hongroises. Le menu est très « cuisine familiale » : des crêpes (palacsinta) à la viande, du fromage blanc aux herbes, du poulet au paprika et à la crème (paprikás csirke), des accompagnements de galuska, et un très surprenant plat gitan de foies de volaille au paprika accompagnés d’escargots aux herbes acidulées. En dessert, le retour des palacsinta, cette fois-ci aux griottes (Meggyes palacsinta), au chocolat-chantilly (Gundel palacsinta) ou au fromage blanc (Turos palacsinta).

Pour arroser la cuisine hongroise, les vins ne manquent pas au pays du Tokaji. Nous avons choisi un Sang de taureau (Egri Bikavér) beaucoup plus léger que son homonyme ibérique. Et pour finir le repas, une petite pálinka (eau-de-vie de fruits) de derrière le comptoir… Si vous avez envie de découvrir la cuisine hongroise, n’hésitez pas à réserver car le Petit Budapest est vraiment… petit !

Environ 25 € par personne avec le vin.

96 rue des Martyrs – 75018 Paris
+ 33 1 46 06 10 34

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Rubrique : Restaurants & lieux de perdition

Cucuron, vous connaissez ? Cessez de rire, Cucuron, c’est un charmant petit village sur le versant sud du Luberon, connu pour son grand bassin entouré d’une trentaine de platanes bicentenaires qui forment comme une cathédrale végétale. Eh bien, au bord de ce bassin, il y a une petite maison transformée en restaurant chic.

Depuis une trentaine d’années, le Luberon est devenu un haut lieu de villégiature pour une certaine bourgeoisie fortunée parisienne, comme pour de nombreux touristes qui viennent y trouver une Provence idéalisée par les magazines. En conséquence, de nombreux restaurants gastronomiques y ouvrent (et y ferment…) pour satisfaire cette clientèle saisonnière. Les autochtones gourmands, comme l’une des unités doudomaternelles, en profitent également pour festoyer, préférablement hors de la saison touristique pour éviter d’être importunés par les overliftés germanopratins…

Depuis 2007, dans l’ancien café de la place de l’Étang renommé la Petite Maison de Cucuron, le cuisinier Éric Sapet propose sa vision de la cuisine provençale (oui, Éric Sapet à Cucuron…, ça fait pouffer la Doude scatophile). Ancien de la Tour d’Argent, de la Marée et du Mas des Herbes blanches (un hôtel-restaurant de Joucas, de l’autre côté du Luberon), Éric Sapet connaît bien les produits du terroir mais n’hésite pas à les mettre en valeur différemment en convoquant des saveurs orientales. Récemment, Éric Sapet a repris le Bistrot de Mogador à Fontvieille et placé deux acolytes en charge de la Petite Maison.

La Petite Maison propose deux menus à plats fixes (menu maison à 40€, menu de saison à 60€) qui changent toutes les semaines selon le marché. Le soir où les Doudes y firent bombance, le menu de saison proposait un ballotin de foie gras au coulis d’abricot-oignon-cardamome (une tuerie…), des raviolis de crustacés sur lit de courgettes et d’épinards au jus de carapaces (beaucoup trop salés), un tendrissime filet de Simmenthal (une race de vache des Alpes) et sa fricassée de cèpes, couvert de lamelles de truffe (beaucoup de lamelles de truffe, crues et croquantes, on aime ou on aime pas…), un délicieux Banon coulant à souhait (Banon, village de Haute-Provence et patrie doudienne…) et une tarte tropézienne aux framboises (décevante avec sa pâte un peu sèche). Le tout arrosé d’un excellent Vinsobres (domaine de Montine), non sans au préalable avoir renvoyé deux bouteilles de Vacqueyras qui perlaient.

De l’avis des convives, l’expérience était à la fois intéressante et décevante. Il y avait de l’original (le coulis), du délirant (la truffe crue en copeaux épais, genre « mangée à même le sol ») et du décevant (le dessert et un excès généralisé de sel). De plus, pour une cuisine censée être décidée par le marché, faire manger des cèpes et de la truffe en juillet relève de la plaisanterie.

Tous les samedis, Éric Sapet propose des cours de cuisine qui viennent d’être édités aux Éditions du Chêne. Un coup d’œil rapide à l’ouvrage révèle des trésors d’inventivité qui étaient certainement partis en congés le soir où nous sommes allés manger à la Petite Maison.

Place de l’Étang – 84160 Cucuron
+ 33 4 90 68 21 99
www.lapetitemaisondecucuron.com

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Rubrique : Paris

La cuisine sicilienne est l’une des meilleures et des plus originales du bassin méditerranéen. Pour s’y plonger toute papille dehors, les Parisiens ont la chance d’avoir Les Amis des Messina, restaurant sicilien qui propose un éventail représentatif de l’île trinacrienne. Alors en route pour le pays des pistaches et des câpres…

Originaires de Cefalù, sur la côte nord à l’est de Palerme, Ignazio et Giuseppe Messina sont les deux ambassadeurs de la cuisine sicilienne à l’origine des Amis des Messina. Ignazio propose également des cours de cuisine sicilienne et des repas préparés à domicile.

Chez les Amis des Messina, on retrouve les grands classiques de cette cuisine qui marie des influences arabes, grecques, italiennes, levantines, espagnoles, etc. Une vraie cuisine fusion avant l’heure. En entrée, goûtez par exemple les fleurs de courgette farcies à la ricotta, les sardines en beccafico (farcies avec un mélange de raisins secs, pignons, câpres, anchois, olives…), les moules à la sicilienne, la poêlée d’artichauts et de trévises à la menthe, etc.

Côté pasta, bien sûr, le plat emblématique sicilien, les spaghetti alle sarde (à la pâte de sardines aux pignons et fenouil), mais aussi des pâtes à l’espadon, aux gambas, aux palourdes, au thon, aux aubergines… Des plats de veau ou de poisson sont proposés selon le marché et la saison : polpette (boulettes), stracotto (une sorte de daube de veau), espadon farci à la poutargue et au pecorino, friture mixte, etc.

Chez les Amis des Messina, les desserts sont à tomber : les cannolicchi, bien sûr, ces cigares de pâte frite au marsala et à la cannelle fourrés de crème de ricotta de chèvre au citron ou à l’orange ; le babà au limoncello, les glaces et sorbets, la pannacotta, le tiramisú, la tarte aux pistaches et oranges, etc.

Et côté vins, les grands classiques de l’île à base de Nero d’Avola, de Nerello Mascalese ou Perricone pour les rouges, et d’Inzolia ou de Grecanico pour les blancs. Et le Marsala, bien sûr.

Bref, pas besoin de faire un dessin, les Doudes aiment les Amis des Messina…

Environ 50 € par personne avec le vin.
Fermé le samedi midi et le dimanche.

204, avenue du Faubourg Saint-Antoine – 75012 Paris
+ 33 1 43 67 96 01
lesamisdesmessina.com

le site d’Ignazio Messina

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Rubrique : Paris

On ne peut pas dire que Paris croule sous les restaurants afghans. Pourtant, la cuisine de ce pays est intéressante par ses influences perses, indiennes et ouzbeks. Dans le XIe arrondissement, L’Afghanistan est une bonne adresse pour découvrir ce que ce pays offre en matière de spécialités culinaires. À moins que vous ne suiviez le plan secret des Doudes…

L’Afghanistan est un restaurant douillet et sans prétention où l’on vous sert de la bonne cuisine afghane, fine et parfumée. Que trouve-t-on au menu ? En entrée, essayez par exemple le zardak shirine (confit de carottes au gingembre et lentilles), les bolani (chaussons fourrés aux poireaux), les borani torahi (tranches de courgettes au yaourt) ou les pakawré mohi (croustillants de sardine au curcuma, tomates et coriandre).

Les plats principaux sont variés et délicieux : les ashak (des raviolis aux poireaux et à la viande cuits à l’eau), le shalgham tchalaw (veau aux navets et au miel servi avec du riz), divers khorme (ragoûts proches des khoresh perses ou des korme indiens) servis avec du riz, des dolme mortch (poivrons farcis), etc. En fin de semaine, L’Afghanistan propose un khabilie palau, le riz aux carottes qui est comme un écho du plov ouzbek.

Au dessert, L’Afghanistan est le meilleur restaurant parisien pour goûter le halwa zardak, le délicieux entremets de carottes. Ils proposent également un halwa à base de farine grillée, de raisins secs et d’épices, mais également le firni, un flan à la cardamome et aux noix, et le chir-yakh, une crème glacée maison servie avec du sirop de griottes (également maison). Et pour boire, bien sûr, du dour, le yaourt dilué au concombre et à la menthe !

Mais, pour manger afghan à petit prix et en faisant une bonne action, pourquoi ne pas essayer la Cantine Afghane ? Chaque mois, les bénévoles de cette association, afghans et français, vous invitent à déguster un dîner afghan pour 9 €, entrée-plat-dessert, dans le cadre de la Rôtisserie, rue Sainte-Marthe dans le Xe arrondissement de Paris ! Les fonds collectés à l’occasion de ces repas servent à financer des cours de français gratuits pour les exilés afghans. Idéal pour se faire expliquer la cuisine afghane par un autochtone ! Avec un peu de chance, vous y verrez une unité doudienne aux fourneaux ou en salle…

Environ 30 € par personne le soir, avec les boissons.
Fermé à midi et le dimanche.

48 rue Saint-Maur – 75011 Paris
+33 1 49 23 02 91

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