Rubrique : Légumes

On appelle « têtes de violons » les jeunes crosses de certaines fougères, avant qu’elles se déroulent. Riches en protéines, les têtes de violons ne peuvent être mangées qu’après une préparation particulière destinée à neutraliser leur toxicité. Fraîches ou conservées dans du vinaigre, elles sont très populaires au Québec.

Dans de nombreuses régions du monde, dont le sud-ouest de la France, les jeunes crosses de fougère sont traditionnellement récoltées au printemps pour être consommées. Si cette habitude alimentaire tend à disparaître chez nous, elle reste bien vivace au Japon et chez nos cousins canadiens. Les têtes de violons font d’ailleurs partie des spécialités culinaires des provinces de l’Est canadien où leur consommation était déjà largement répandue chez les populations amérindiennes autochtones.

En Amérique du nord, les têtes de violons proviennent de la fougère-à-l’autruche (Matteuccia struthiopteris), alors qu’en France et au Japon, les crosses sont cueillies sur la fougère-aigle (Pteridium aquilinum). Dans les deux cas, ces fougères sont toxiques et peuvent provoquer nausées, diarrhées et maux de ventre dans les heures qui suivent leur consommation. La fougère-aigle semble plus toxique que la fougère-à-l’autruche et certaines études suggèrent même un effet cancérigène lors de consommation de fougère-aigle sur de longues périodes.

Pour éviter les effets toxiques des têtes de violon, il est nécessaire de cueillir l’extrémité des crosses de fougère lorsqu’elles sont encore complètement enroulées (éliminer celles qui commencent à se dérouler), de les laver à grande eau et de les faire bouillir quinze minutes dans une eau bicarbonatée avant de les cuisiner.

Très riches en manganèse et en cuivre, les têtes de violons sont croquantes et possèdent une saveur proche de celle de l’asperge. Une fois bouillies, elles se cuisinent de multiples façons : sautées, en potage, en salade, en jardinière de légumes, écrasées en pesto, en omelette, avec des pâtes ou un risotto, etc. Au Japon, les crosses de fougère sont préparées en saumure ou dans du vinaigre de saké, et servies en accompagnement.

Les têtes de violon sont difficiles à trouver sur les marchés français sauf sur ceux du sud-ouest au printemps. Il est possible de trouver des crosses de fougère en conserve dans les épiceries fines ou certaines boutiques en ligne.

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Rubrique : Épices, condiments & herbes

Vous pensez connaître l’huile de pépins de courge, mais connaissez-vous celle de Styrie ? Cette province du sud-est de l’Autriche est célèbre pour ses potirons à huile dont les pépins produisent une huile à l’aspect et au goût uniques. Depuis quelques années, la Steirisches Kürbiskernöl a séduit les plus grands chefs.

Produite essentiellement en Autriche et en Slovénie voisine, la Kürbiskernöl est issue des pépins d’une espèce particulière de citrouille (Cucurbita pepo var. styriaca) qui, au XIXe siècle, a subi une mutation : ses pépins vert foncé n’ont pas de coque. Ces potirons jaune-orangé pèsent de 8 à 10 kg et n’ont guère de chair. À l’automne, ils sont récoltés et vidés. Les pépins vert foncé sont lavés, grillés à 50°C et séchés. Tout au long de l’hiver, ils sont pressés pour obtenir l’huile : il faut environ 3 kg de pépins pour produire un litre de Kürbiskernöl.

L’huile de pépins de courge de Styrie est connue des chercheurs en optique pour son dichromatisme : sa couleur change selon l’épaisseur de l’échantillon observé. Une couche d’huile de moins de 0,7 mm apparaît vert vif ; plus épaisse, elle est d’un rouge presque noir. Chez soi, ce phénomène est observable au fond d’un saladier : l’huile paraît rouge foncé, sauf sur ses marges où elle est d’un beau vert profond. Très riche en vitamine E et en acides gras essentiels, en particulier en acide linoléique, la Kürbiskernöl a montré une certaine efficacité pour soulager les symptômes de l’hyperplasie bénigne de la prostate. Autrefois, elle était utilisée comme vermifuge contre les ténias.

Dans la cuisine, la Kürbiskernöl s’utilise de mille façons mais elle ne doit jamais être chauffée sous peine de devenir amère. Elle a la particularité d’avoir un goût de noisettes et de cacahuètes grillées, intense, chaud, presque sucré. Lorsqu’on l’utilise, impossible de résister à la tentation d’y plonger un doigt pour la goûter pure ! L’huile de pépins de courge de Styrie est parfaite pour les vinaigrettes (avec du vinaigre de cidre et un peu de miel), dans les soupes (directement dans l’assiette), sur les pâtes, les pommes de terre vapeur et autres légumes chauds, les œufs brouillés, le carpaccio de bœuf, les fromages de chèvre ou de brebis, et même… les glaces : quelques gouttes sur une boule de glace à la vanille, à la pistache, au praliné… et vous ne pourrez plus vous en passer !

En Styrie, seulement 70 moulins commerciaux produisent de la Kürbiskernöl. De ce fait, elle est chère et les imitations font florès. Si vous en achetez, vérifiez que la bouteille porte le sceau indiquant l’AOP (l’AOC européenne) et la mention « Echtes Steirisches Kürbiskernöl ». Si, comme nous, vous avez dans vos relations un très gentil Autrichien, peut-être aurez-vous la chance de goûter cette huile dans sa version artisanale… Sinon, elle peut s’acheter en ligne (par exemple, ou ).

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Rubrique : Paris

Malgré la présence de nombreux Serbes et autres anciens citoyens yougoslaves dans la région parisienne, les restaurants serbes n’y sont pas nombreux. Pour découvrir les spécialités serbes, Zavicaj est un excellent choix. Le cadre et les plats valent bien une petite virée dans le 18e arrondissement.

Le restaurant Zavicaj (« Au pays natal ») est un petit morceau de Serbie niché au nord de Paris. Vastes tables en bois, bancs, instruments agricoles et vieux clichés aux murs, vaisselle en grès artisanal, le cadre y est chaleureux et campagnard. On s’y sent bien accueilli par la patronne et sa fille, toujours prêtes à vous conseiller et à vous expliquer le menu.

La carte de Zavicaj est riche en spécialités serbes qui, pour ceux familiers avec la cuisine turque, rappellent que les Balkans ont longtemps été sous la tutelle ottomane. En entrée, goûtez l’excellent feuilleté au fromage et aux épinards (proche des börek turcs), le poivron pané et farci au jambon et fromage, servi avec de la crème fraîche, la soupe d’agneau à la serbe ou la charcuterie fumée.

Chez Zavicaj, les plats principaux sont essentiellement à base de viande (les Serbes sont un peuple éminemment carnivore !) : les pljeskavica (le hamburger balkanique géant) nature ou fourré au fromage et aux lardons, des ćevapi (des cylindres saucissoïdes composés d’un mélange de viandes hachées), du cochon de lait grillé (plus Serbe, ce n’est pas possible…), du sarma (chou farci), du kupus et du podvarak (les choucroutes serbes), du goulash, du pasulj (le cassoulet serbe), etc. Pas léger-léger mais délicieux ! Le tout accompagné d’oignons crus qui se rappellent à vous longtemps, longtemps…

Les amateurs de sucré ne sont pas oubliés chez Zavicaj. Les desserts y sont à la fois d’inspiration slave, autrichienne et ottomane : par exemple, un savoureux feuilleté aux griottes ou aux pommes (un strudel en plus délicat), le tulumba (une sorte de churros au sirop, très oriental), des baklava ou de la krempita, la version serbe du gâteau russe « Napoléon », un cousin du millefeuille avec beaucoup plus de crème et beaucoup moins de feuilles.

Et pour arroser tout ça, du vin serbe (d’excellents cabernet-sauvignon, par exemple), de la bière ou de la rakija, l’alcool blanc de fruits qui dissout toutes les matières grasses ! On sort de chez Zavicaj en se disant que, pour un aussi intéressant mélange d’influences, la cuisine serbe reste un territoire vierge à explorer toutes papilles dehors. Une deuxième virée s’impose !

Environ 30 € par personne, boissons comprises.
Fermé le lundi.

16 rue Simplon – 75018 Paris
+ 33 1 42 52 13 12

zavicaj.fr

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Rubrique : Porto

Si la visite du Mercado do Bolhão est fortement recommandée par les guides touristiques sur la ville de Porto, la surprise attend le visiteur. Comment imaginer que le marché principal de la deuxième ville du Portugal puisse être dans un tel état de délabrement ? En se promenant dans ses allées, on devine la vie qui a dû l’animer autrefois.

Situé au cœur de Porto, le Mercado do Bolhão est un vaste ensemble de bâtiments néoclassiques enserrant une cour et une galerie. Ces halles ont été inaugurées en 1914 sur un terrain acquis par la ville en 1837 pour réunir les commerçants qui jusque-là tenaient marché dans différents endroits de la ville. Construit sur une pente, ouvert de quatre portes, le Mercado do Bolhão a longtemps été le lieu où les habitants de Porto venaient acheter leurs produits frais et leurs fleurs. Aujourd’hui, malgré son statut de monument historique acquis en 2006, le Mercado do Bolhão se meurt par manque de volonté politique et de fonds.

En une dizaine d’années, le nombre de commerçants du Mercado do Bolhão est passé de 400 à 200. Sur la galerie, les marchands de primeurs proposent leurs produits (souvent directement issus de petits producteurs locaux) sur de pauvres tréteaux prêts à rendre l’âme. Une profonde tristesse règne sur les lieux qui peinent à montrer qu’ils ont connu des jours meilleurs. Les clients sont partis, morts ou attirés par les supermarchés, plus pratiques (le Mercado do Bolhão manque cruellement de parking à proximité).

Depuis les années 1990, des plans de restauration plus ou moins heureux se succèdent mais sans jamais démarrer, faute de fonds. Le dernier plan, proposé en 2007, prévoit la concession du Mercado do Bolhão à des investisseurs privés avec création d’un centre commercial et de logements ne laissant que 3 % de l’espace originel aux activités du marché. Du coup, les commerçants, les riverains et les personnes soucieuses de préserver l’histoire de Porto se mobilisent pour éviter que le Mercado do Bolhão n’abandonne sa vocation première.

Si vous visitez Porto, allez quand même vous promener au Mercado do Bolhão. Vous y verrez les restes d’un monde prêt à être englouti : petits kiosques en bois, fontaines, galerie bordée de fer forgé, fresques en azulejos, le Mercado do Bolhão est une vieille dame dont les charmes peuvent encore être aperçus sous l’outrage du temps.

Mercado do Bolhão
Entre la Rua de Fernandes Tomás et la Rua Formosa – Porto
Ouvert du lundi au vendredi de 7h à 17h et le samedi de 7h à 13h.

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Rubrique : Épices, condiments & herbes

Comment prendre soin de ses tripes lorsque l’on aime goûter aux spécialités les plus exotiques ? Contre l’indigestion et autres soucis digestifs, les Doudes ont un secret qui leur a été donné par un sage du sud de l’Inde : les graines d’ajowan. Cette plante médicinale et aromatique sert également à parfumer féculents, légumes et poissons.

L’ajowan (Trachyspermum ammo, également appelé ajwain, ajmo, omam, etc.) est une plante de la famille du cumin, du carvi, de l’anis et du fenouil, mais ses graines (en fait, ses fruits séchés) ont un fort parfum de thym ou d’origan. Utilisé de l’Égypte à l’Inde, l’ajowan est réputé pour ses propriétés digestives, pour soulager l’indigestion, les maux d’estomac et les flatulences (such a problem!). Dans cette indication, son mode d’emploi est particulièrement pratique en voyage : nul besoin d’eau bouillante, il suffit de mâcher l’équivalent d’une petite cuillerée à café de graines additionnées d’une pincée de sel (avec un peu de jus de citron, c’est encore mieux mais facultatif). Attention, la manœuvre secoue rudement les papilles, mais c’est le prix à payer pour un soulagement quasi-immédiat !

Les graines d’ajowan sont riches en thymol, un excellent antiseptique. Broyées dans un peu d’eau chaude, elles sont utilisées sous forme de cataplasme contre les infections respiratoires ou les contusions, ou en inhalation pour chasser les maux de tête. Donc avant de partir en voyage, pensez à emporter un petit sachet de ces graines magiques (faciles à trouver dans les épiceries indiennes).

Dans la cuisine indienne, les graines d’ajowan sont utilisées pour parfumer les féculents (riz, pain, pommes de terre), les légumineuses (les lentilles en particulier), les légumes-racines et le poisson. Avant d’être utilisées, elles doivent être rôties à sec ou dans du beurre (idéalement du ghee, le beurre clarifié) pour augmenter leur parfum. Broyées, les graines d’ajowan sont incorporées à la pâte des pakoras (des beignets à la farine de pois chiche) afin de les rendre plus digestes.

Les poissons cuits au four (par exemple, le délicieux Saint-Pierre) peuvent être fourrés d’un mélange de graines d’ajowan, de cumin et de coriandre broyées ensemble. Une recette punjabi de marinade pour poisson mélange le sel, le jus de citron vert, le gingembre et l’ail (en purée), le piment séché et les graines d’ajowan. Plus près de chez nous, l’ajowan est excellent sur les pizzas en lieu et place du traditionnel origan.

Puisque la Saint-Valentin arrive, une recette supposément aphrodisiaque : faites tremper des graines d’ajowan dans du jus de citron pendant quelques heures, drainez-les et laissez-les sécher. Répétez l’opération six fois (oui, six fois !!!). Les graines ainsi traitées réveilleront toutes les ardeurs…

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Rubrique : Épices, condiments & herbes

Récemment, les pâtissiers ont popularisé l’usage de la fève tonka, une graine brune et ridée de quelques centimètres de long importée d’Amazonie. Ses arômes complexes d’amande, de vanille, de chocolat noir et de muscade en font une épice intéressante, apte à redonner une nouvelle jeunesse à des recettes simples ou classiques.

Originaire du nord-est du bassin de l’Amazone, la fève tonka (également appelé kumaru par les Indiens d’Amazonie) est la graine du teck brésilien (Dipteryx odorata), un arbre de la famille des magnolias. Elle est récoltée après avoir laissé les fruits de l’arbre sécher pendant au moins une année. Depuis longtemps, la fève tonka est utilisée dans l’industrie des parfums et, autrefois, elle l’était également dans celle de la… mort aux rats ! Aujourd’hui, elle est prisée des pâtissiers et des cuisiniers pour son parfum complexe, légèrement brûlé.

Comme la noix muscade, la fève tonka est une épice toxique à forte dose : elle contient de la coumarine, une substance anticoagulante puissante longtemps utilisée pour empoisonner les animaux nuisibles ou traiter certaines maladies. Du fait de cette particularité, l’usage alimentaire de la fève tonka est interdit dans certains pays (par exemple, les États-Unis). Son usage doit donc être fait avec modération.

La fève tonka s’utilise râpée avec une râpe à muscade, directement sur les aliments à parfumer, en toute fin ou après la cuisson. Son parfum est complexe : praliné, vanille, caramel, muscade, chocolat noir, musc… chacun semble y trouver de nouvelles nuances. Si elle est le plus souvent utilisée dans les desserts (en particulier ceux au chocolat ou au rhum, ainsi que les compotes et les confitures), elle se marie également avec certains légumes sucrés : potiron, patate douce, carottes, etc. Certains cuisiniers l’associent aux crustacés ou, comme le macis, aux plats mijotés à base de veau (veau aux carottes, blanquette, etc.).

La fève tonka se trouve assez facilement dans les épiceries fines (par exemple, Izraël à Paris). Elle se conserve une année sans problème. Comme avec la vanille, il est possible de faire du sucre parfumé à la fève tonka en enfermant le tout dans un récipient hermétique pendant quelques semaines.

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Rubrique : Pâtes

Loin d’être de simples nouilles japonaises au bouillon, les ramen sont un plat à la variété infinie qui justifie, pour certains, une quête mystique : celle des ramen parfaites. Cette quête est le sujet de « Tampopo », un film de Juzo Itami plein d’humour où un routier cow-boy solitaire devient le coach es-ramen d’une jeune veuve propriétaire d’une gargotte.

Les ramen (prononcez « la-menn ») sont des pâtes fines faites avec de la farine de blé, de l’eau, du sel et une eau riche en carbonates (le kansui, parfois remplacé par des œufs). D’origine chinoise, les ramen ne sont vraiment devenues populaires au Japon qu’après la Seconde guerre mondiale, lorsque la farine de blé américaine a envahi l’archipel. Depuis, les ramen sont devenues l’un des aliments de base et les variations régionales sont nombreuses. D’ailleurs, la mise au point des ramen instantanées est, de l’avis des Japonais, la découverte japonaise majeure du XXe siècle !

Il existe diverses familles de ramen selon la composition du bouillon : shio ramen au bouillon clair à base de poulet, de légumes ou de poisson ; tonkotsu ramen au bouillon crémeux issu de la très longue cuisson d’os et de gras de porc ; shōyu ramen au bouillon enrichi de sauce soja ; miso ramen, spécialité du nord du Japon, au bouillon épaissi à la pâte de soja, etc. Lors d’un voyage au Japon, il est toujours intéressant de goûter les ramen locales, toujours en harmonie avec les produits du terroir et le climat.

Si vous êtes à Paris, il existe une bonne adresse pour goûter aux ramen « comme au Japon ». Chez Taishoken, pour quelques euros, vous pouvez choisir votre bouillon (au miso ou au shōyu) et les éléments de vos ramen : porc grillé (chāshū), poireau, fruits de mer, etc. Et toujours le très étrange kamaboko, ces tranches de surimi rose et blanc si typiques des soupes japonaises. Un jour d’hiver, essayez la spécialité d’Hokkaido, l’île la plus au nord du Japon : miso ramen au maïs et au beurre. Vous ressortirez de là ragaillardi et prêt à affronter le froid !

Et pour bien apprécier les ramen, regardez « Tampopo » : au tout début du film, un maître autodidacte donne une leçon de dégustation des ramen au jeune acolyte du héros routier. Vous ne regarderez plus jamais un bol de ramen de la même manière (ni un jaune d’œuf cru non plus d’ailleurs, mais c’est une autre séquence de ce film atypique !)…

Taishoken
40 rue Sainte-Anne – 75002 Paris
+33 1 42 61 11 59

Pour découvrir ou redécouvrir le très charmant (et sexy) « Tampopo ».

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Rubrique : Produits de la mer

Le roi de la bouillabaisse, vous connaissez ? Pour les Doudes marseillaises, il n’y en a qu’un : le Saint-Pierre. Derrière ses nageoires menaçantes et sa gueule surdimensionnée, ce poisson cache une chair ferme et savoureuse. Relativement rare sur les étals, le Saint-Pierre est à la hauteur de sa réputation chez les grands chefs.

saint-pierre

Zeus faber, voilà un nom de dieu grec ! C’est pourtant le nom latin du Saint-Pierre, un poisson présent sur les côtes rocheuses de nombreuses mers du monde. Carnivore, il se nourrit de petits poissons et de seiches qu’il happe de ses vastes mâchoires. Sur les étals des poissonniers, le Saint-Pierre (également appelé jean-doré, soleil ou poule de mer) mesure en général de 30 à 50 cm, mais il en existe de plus gros. Assez plat, il est aisément reconnaissable à la tache brune qui orne le centre de chacun de ses flancs.

Ces taches brunes sont au cœur de la légende et du nom du Saint-Pierre. Jésus aurait demandé à son compagnon Pierre d’attraper ce poisson pour des raisons qui divergent selon la version de l’histoire : pour récupérer une pièce d’or cachée dans sa bouche, ou pour débarrasser la Méditerranée de ce poisson qui, beaucoup plus gros à l’époque, y semait la terreur. Sa mission accomplie, le futur Saint Pierre aurait relâché la bête (dans une version de taille réduite) en y laissant la marque de ses pouces.

La chair dense du Saint-Pierre est si fine et si parfumée qu’il n’est guère besoin de la cuisiner. Les Doudes le fourrent de graines de fenouil ou d’anis, de rondelles de gingembre frais et de quartiers de citron jaune ou vert. Badigeonné d’huile d’olive et cuit au four (20-25 minutes à 150°C), il donne le meilleur de lui-même… Attention, sa grande nageoire dorsale peut facilement blesser. Demandez à votre poissonnier de la couper. Parfois, il est possible d’acheter des filets de Saint-Pierre préparés et prêts à être cuisinés, par exemple en papillotes.

Nul n’est parfait et le roi de la bouillabaisse possède deux défauts. La tête énorme du Saint-Pierre fait que seule une petite moitié de son poids est consommable. De plus, ce n’est pas un poisson très courant dans les filets des pêcheurs et il est assez cher. Point positif, il n’est pas surpêché et, pour peu que ce soit avec modération, les personnes soucieuses de la préservation des océans peuvent le manger sans scrupule.