Rubrique : Fromages

Vous pensez que la France est le pays des fromages qui puent ? Révisez votre jugement et découvrez le schabziger, la boule puante des fromages faisandés made in Switzerland. Cette spécialité ancestrale pourrait justifier l’invasion de la Suisse alémanique pour nous avoir dissimulé une arme de destruction massive…

Dans le centre-est de la Suisse, il y a le canton de Glaris (Glarus en Schwiizertüütsch). Et dans la ville de Glaris, il y a la société Geska AG qui fabrique un fromage mythique, le schabziger. Présenté sous la forme d’un élégant cône vert amande, le schabziger est préparé à partir de lait de vache écrémé, chauffé et additionné de ferment lactique acide. Une fois égoutté, le fromage obtenu (le sérac) est mûri de un à trois mois, malaxé, salé et placé en silos pour trois à huit mois.

Ensuite, et c’est là le secret du schabziger, on y ajoute de la trigonelle bleue séchée (Trigonella caerulae ou Ziger-Klee), une sorte de mélilot rapportée du Moyen-Orient par les Croisés et populaire au Moyen-Âge pour parfumer les plats. Cette plante va lui donner son joli teint vert pâle et sa saveur fatale. Car, même selon son fabricant, le schabziger divise le monde en ceux qui aiment (dans le canton de Glaris) et les autres…

Tout juste sorti du réfrigérateur, le schabziger dégage un parfum certes intense mais pas forcément rebutant : une forte odeur de foin fraîchement coupé et de fromage oublié dans un placard depuis le siècle dernier. Un récent article dans la Tribune de Genève faisait référence à des vestiaires après le match, mais cela nous paraît injuste. Sauf si toute l’équipe souffrait de mycose des pieds.

Mais là où le schabziger déploie toute sa puissance, c’est dans la cuisine. Il s’utilise râpé, probablement pour ne pas dépasser la dose mortelle, comme pour la muscade ou la fève tonka. Il existe même un moulin spécialement dessiné pour lui, sans nul doute en kryptonite. Le schabziger est donc plutôt un condiment, employé froid (pour des salades, par exemple) ou chaud (sur des pâtes, des pommes de terre, des soupes, etc.).

Les Doudes l’ont essayé sur des pâtes au beurre, tout simplement. Qui ont tout simplement fini dans la poubelle. Si le schabziger s’enorgueillit d’être resté identique depuis 1463 (où une loi en a fixé les caractéristiques), les Doudes soupçonnent que cette incroyable constance résulte plutôt du fait que tous les schabziger vendus depuis ont été fabriqués cette année-là… En tout cas, son goût en témoigne qui semble provenir tout droit du Moyen-Âge le plus obscur.

Pour ceux qui en ont assez de la vie, le fabricant a mis en ligne un site entièrement consacré au schabziger où il est possible de commander la bête (nul permis n’est requis) et qui propose de nombreuses recettes. La Suisse, patrie du droit de mourir dans la dignité fromagère…

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Rubrique : Paris

Les lecteurs et les lectrices du Festin nous demandent parfois où trouver tel ou tel ingrédient nécessaire pour préparer un plat du Proche ou du Moyen-Orient. Voici, pour les Parisiens, une adresse utile. Le supermarché libanais « Les Délices d’Orient », probablement le mieux achalandé de la région parisienne, est une mine d’or pour ceux qui aiment la cuisine méditerranéenne.

Fondée il y a une quinzaine d’années par Roméo et Claire El Hawly, l’épicerie libanaise « Les Délices d’Orient » s’est récemment transformée en un véritable supermarché où l’on trouve des produits frais et surgelés, des épices, des vins, des céréales, du café oriental, bref tout ce qu’il faut pour cuisiner libanais, grec, turc, égyptien, syrien, etc.

Nous y faisons provision d’épices de toutes sortes (sumac, za’atar, mastic, mahlep, etc.), de mélanges tout-prêts pour faire du salep ou du muhallebi, de tahina (la pâte de sésame), de baklava et de toutes sortes de pain plat libanais (khabez ou pita), d’amardine et de confiseries à la pistache ou à la rose, de mélasse de grenade, etc. Le rayon des alcools est bien fourni avec de nombreux vins libanais et un impressionnant assortiment d’arak (l’anisette libanaise).

Au rayon frais, on trouve une grande variété de fruits et de légumes, du yaourt et des fromages turcs, de l’halloumi, de la poutargue, de la corette surgelée (mouloukhiyeh, pour faire le plat du même nom), des pizzas dites « arméniennes », etc. Un rayon traiteur propose des manouché (sandwich-pizza libanais parfumé avec du fromage labneh, du za’atar, du sumac, des épinards, etc.), des mezze divers et d’autres spécialités. À deux pas du supermarché, « Les Délices d’Orient » ont également ouvert une pâtisserie – traiteur où il est possible de manger et donc de goûter des plats avant de les acheter.

Et pour ceux qui ont la chance de ne pas habiter à Paris (ou vice-versa), il reste Libanus, la grande épicerie libanaise en ligne, un classique efficace quand on ne veut pas bouger de chez soi !

Supermarché « Les Délices d’Orient »
Ouvert de 8h30 à 20h00 – Fermé le lundi.
53 avenue Émile Zola – 75015 Paris
+ 33 1 45 79 10 00

Pâtisserie – Traiteur « Les Délices d’Orient »
Ouvert de 12h à 14h30 et de 9h30 à 22h30 – Fermé le dimanche.
14 rue des Quatre Frères Peignot – 75015 Paris
+ 33 1 45 77 82 93

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Rubrique : Accompagnements

Le sarrasin, vous connaissez ? Oui, celui des crêpes… Mais en avez-vous déjà mangé autrement que réduit en farine ? En Europe de l’Est, les graines de sarrasin grillées sont la base d’un plat populaire, la kasha, aussi central dans la cuisine de ces pays que le riz en Asie. Pour changer du blé ou du bulgur, il est temps de découvrir la kasha.

Le sarrasin (ou blé noir, Fagopyrum esculentum) fait partie des grains consommés par l’homme depuis au moins… huit mille ans ! Originaire de l’Asie du Sud-Est, il est présent en Europe depuis le sixième millénaire avant J.C. Aujourd’hui, le sarrasin est surtout consommé en Europe de l’Est, au Japon, en Corée et en Amérique du Nord où il a été emmené par les émigrants est-européens. Dans ces pays, les graines de sarrasin sont cuisinées entières ou réduites en farine pour faire des crêpes, des blinis, des pâtes (les soba japonaises ou les guksu coréennes, par exemple), etc.

En Russie comme dans les pays de l’Est, le sarrasin grillé est si fréquemment préparé sous forme de kasha (porridge) que le mot « kasha » est devenu synonyme de sarrasin. La kasha est le plat paysan par excellence. Elle est consommée telle quelle, en accompagnement, ou utilisée dans la farce de petits chaussons (les knish) ou de feuilles de chou. La kasha forme une des bases de la cuisine yiddish, en particulier mélangée à des oignons, des farfalles et du jus de poulet rôti : c’est la kasha varnishkas, un plat emblématique de la cuisine juive ashkénase.

Bien préparée, la kasha est un accompagnement délicieux au goût de noisette. Elle ne contient pas de gluten et convient donc aux personnes qui souffrent de maladie cœliaque (allergie au gluten). On trouve de la kasha dans les épiceries juives ou est-européennes (par exemple, Izraël) et sa recette est simplissime.

Kasha

Pour 4 personnes

Faites bouillir deux grands verres d’eau avec une cuillerée à soupe de beurre et du sel. Lavez un grand verre de graines de sarrasin à l’eau chaude et égouttez-les. Mélangez le sarrasin avec un œuf battu et placez le tout dans une casserole. Faites cuire à feu vif trois minutes en remuant sans cesse. Quand l’œuf est sec et les grains séparés, versez doucement l’eau beurrée bouillante et mélangez. Couvrez et faites cuire à feu doux sans remuer, dix minutes environ (jusqu’à ce que l’eau soit absorbée et la kasha tendre). Cessez la cuisson, mais laissez reposer dix minutes au chaud (sous une serviette par exemple). Avant de servir, poivrez et mélangez avec une fourchette en soulevant délicatement les grains.

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Rubrique : Paris

Avez-vous déjà goûté à la cuisine géorgienne ? Au khinkali ? À l’adjapsandal ? Au khatchapuri ? Au shakarlama ? Pour explorer les saveurs du versant sud du Caucase et pour travailler sa diction, rien de tel qu’une virée chez Pirosmani, l’un des rares restaurants géorgiens à Paris.

Lorsqu’on voyage en Russie et que l’on veut bien manger, il est courant que l’on finisse dans un restaurant géorgien ! Avec son climat méditerranéen, ses fruits, ses légumes, ses vins, la Géorgie est un pays de cocagne pour les gourmands. Sa cuisine est à la fois originale et influencée par les cuisines voisines : Russie, Arménie, Iran, Turquie. Pour la découvrir, Pirosmani est un bon point de départ. Un petit restaurant-couloir sympathique, perdu au milieu des mangeries touristiques du quartier Saint-Michel.

Que mange-t-on chez Pirosmani ? En entrée, quelques plats emblématiques de la cuisine géorgienne : par exemple, la soupe khartcho, au mouton, riz et légumes, assez épicée ; la soupe piti, au mouton et cuite dans un pot en terre ; le khatchapuri, une sorte de pizza supercochonne recouverte de fromage sulguni fondu ; l’adjapsandal, une ratatouille froide riche en aubergines ; le lobio, un plat à base de haricots rouges et de noix hachées.

Les plats principaux sont variés : par exemple, les khinkali, de gros raviolis proches des mantı, farcis de viande ou… de griottes (servis avec de la crème fraîche, un délice !) ; les tolma, des feuilles de chou farcies ; le khartcho (oui, comme la soupe), ragoût de viande en sauce servi avec du riz, et qui n’est pas sans rappeler les khoresh perses ; la solianka (géorgienne, pas russe), du bœuf à la tomate et aux cornichons malossol (doux) ; le tchakapuli, un ragoût d’agneau au vin blanc, aux herbes et à la coriandre ; le tchanakh, un ragoût de viande de mouton présenté dans un petit pot de terre sphérique, accompagné de roulades d’aubergines farcies d’herbes fraîches, de pommes de terre et de tomates entières cuites.

Et les desserts, ვაშა! Les Géorgiens adorent la crème fraîche et le font savoir. Essayez le gâteau de crêpes aux griottes (oui, ils aiment également beaucoup les griottes), ou, divin, le shakarlama, une sorte de panna cotta en plus riche… Pour accompagner le repas, l’un des célèbres vins géorgiens. Essayez un rouge demi-sec comme le Khvanchkara. Dis comme ça, on se demande si ça va bien se marier avec les plats salés et ça marche ! Les vins géorgiens méritent vraiment d’être mieux connus : des blancs (Gourdjaani, Telavi, Tsinandali, etc.), des rouges secs (Saperavi, Mukuzani, Tavkeri, etc.) ou des rouges demi-secs (Kindzmarauli, Ojaleshi, Akhacheni, etc.).

Du nom d’un peintre naïf du début du XXe siècle, un héros national mort de malnutrition dans ce pays gourmand, Pirosmani est un restaurant qui sent bon la cuisine familiale, celle qu’une დედა (deda, maman) géorgienne doit préparer à sa famille. Il propose également des spécialités russes, mais quel intérêt quand on peut déguster cette cuisine qui allie si bien des influences aussi diverses ? Pirosmani ? დიდებულია!

Environ 30 € par personne le soir, avec les boissons.

6 rue Boutebrie – 75005 Paris
+ 33 1 43 26 17 65

NB : Profitez d’être dans un restaurant géorgien pour admirer leur alphabet…

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Rubrique : Desserts & sucreries

Considérant la fascination des Japonais pour les cerisiers en fleur, il est naturel que la gastronomie nippone ait produit un gâteau parfumé à la fleur de cerisier, le sakuramochi (桜餅). Cette pâtisserie très particulière associe le sucré des pâtes de riz et de haricot azuki avec le salé de la feuille de cerisier saumurée qui les enveloppe.

sakuramochi

Les wagashi sont les plus typiques des pâtisseries japonaises. Une pâte de riz sucrée (mochi) entoure un cœur de pâte de haricots azuki (des haricots rouges qui, une fois cuits et écrasés avec du sucre, forment une pâte, l’an ou anko, qui ressemble à notre crème de marrons en plus dense). Sur cette base, les variations sont innombrables et il existe des wagashi pour toutes les saisons et toutes les occasions.

Les sakuramochi auraient été inventés au début du XVIIIe siècle à Edo (aujourd’hui Tōkyō) par un garde du temple Chomei-ji. Dans la tradition japonaise, ils sont étroitement associés au mois de mars (quand fleurissent les cerisiers) et à la Fête des petites filles (ou Fête des Poupées, Hina Matsuri, le 3 mars).

La partie extérieure des sakuramochi est colorée en rose et sa composition varie selon les régions. Dans l’est du Japon, on utilise une pâte de farine de riz normal et le gâteau est lisse (comme sur la photo ci-dessus). Dans l’ouest du pays, elle est remplacée par du riz gluant non broyé ou de la farine de riz gluant. Une fois préparés, les sakuramochi sont enveloppés d’une feuille de cerisier en saumure lavée et séchée. Le tout est décoré d’une fleur de cerisier conservée dans le sel.

La dégustation d’un sakuramochi révèle des sensations contrastées : la feuille de cerisier (qui ne se consomme pas forcément) laisse un petit goût salé et un parfum intense quasi-chimique ; le gâteau est souple, un peu collant, sucré et relativement fade. Néanmoins, l’ensemble est harmonieux et éminemment évocateur du cerisier.

Pour déguster un sakuramochi, allez faire un tour à la pâtisserie Toraya au mois de mars. Toraya est une pâtisserie japonaise traditionnelle située dans le premier arrondissement de Paris (à deux pas de la Concorde). Comme au Japon, les gâteaux proposés varient selon la saison.

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Rubrique : Épices, condiments & herbes

Qui dit Japon dit cerisier, la fleur nationale de ce pays. Nous avons tous en tête des images de cerisiers en fleur sous lesquels pique-niquent des familles japonaises. Pour faire durer le plaisir de ce moment éphémère, les cuisinières nippones conservent les fleurs de cerisier dans le sel. Celles-ci permettent ensuite de préparer du riz parfumé, de la tisane, des gâteaux ou des glaces.

fleurs de cerisier salées

Pour les bouddhistes, la fleur de cerisier est le symbole de la fragilité et de l’impermanence des choses. Sa brève floraison évoque notre courte vie, et sa chute le détachement du sage vis-à-vis des choses de ce monde. Lorsque les cerisiers se couvrent de boutons, les gourmets japonais les récoltent et les placent dans le sel pendant deux jours. Puis ces boutons sont mis à tremper dans du vinaigre salé pendant cinq jours, égouttés et séchés à l’ombre pendant 48 heures. Ensuite, ils sont légèrement salés de nouveau et conditionnés dans de petits pots.

Ces fleurs salées sont appelées shiozakura (塩桜) ou sakura-no-shiozuke (桜の塩漬け). Elles ont de très nombreux usages dans la cuisine japonaise. Par exemple, en infusant une fleur dans une grande tasse d’eau bouillante, on obtient du sakurayu (eau de cerisier). Légèrement salée, avec un parfum intense entre la cerise et la prune, cette tisane est servie lors des fiancailles et des mariages. En effet, dans ces circonstances, le thé est considéré de mauvaise augure : en japonais, l’expression « se transformer en thé » est l’équivalent de notre « partir en eau de boudin » !

Associé à des feuilles de cerisier en saumure, le shiozakura permet également de préparer un délicieux riz au goût de cerisier (sakuragohan). Des fleurs et des feuilles (respectivement 7 et 5 par verre de riz cru) sont hachées menu et posées sur le riz dès que celui-ci est cuit. L’ensemble est couvert hermétiquement et laissé tel quel pendant un quart d’heure (le riz continue de cuire dans la vapeur parfumée). Au moment de servir, le riz, les fleurs et les feuilles sont délicatement mélangés avec quelques cuillerées à café de graines de sésame grillées.

Le shiozakura est également utilisé pour préparer et décorer les sakuramochi, ces gâteaux typiques du mois de mars et de la fête d’Hina matsuri (la Fête des Poupées ou Fête des petites filles, le 3 mars). Ce mois-là, certains glaciers japonais proposent également de la glace sucrée-salée au shiozakura.

En France, on trouve les fleurs de cerisier salées dans les épiceries japonaises (les Doudes achètent les leur chez Workshop Issé).

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Rubrique : Ouzbékistan

En Asie centrale, le marché est le cœur de la ville ou du bourg. Lieu de rencontres et d’échange, il a gardé toute l’importance qu’il avait autrefois chez nous. Récemment, le gouvernement ouzbek a entrepris de réaménager les marchés des principales villes du pays. Couleurs, sons, odeurs et dépaysement assurés.

Si vous avez la chance de passer par l’Ouzbékistan, ne manquez jamais de visiter le bazar du lieu où vous vous trouvez. Ici comme ailleurs, la visite du marché local renseigne le voyageur sur l’état économique du pays et sur la qualité de vie qui y règne. En été, les marchés ouzbeks montrent un pays de cocagne où l’agriculture s’est relevée des déboires de l’ère soviétique : fruits, légumes, herbes, épices, fruits secs, viande, vêtements, objets du quotidien, on y trouve tout et la profusion y est de mise.

Que ce soit Chorsu, le bazar de Tashkent à deux pas de la madrasa Kukeltach, ou celui de Samarcande à l’ombre des ruines de la gigantesque mosquée Bibi Khanum, ou celui de Boukhara derrière le magnifique mausolée des Samanides, ou celui d’Andijan dans la vallée de la Ferghana, les marchés ouzbeks vibrent de vie, de couleurs, de parfums, de cris, de musique… Tous ont été réaménagés selon le même principe : des bancs construits en dur sous un auvent que les commerçants et les producteurs locaux peuvent louer au mètre et à la journée. Organisés par type de produits, les marchés ouzbeks sont le cœur de la vie commerciale dans ce pays où les supermarchés restent exceptionnels.

À la belle saison, les étals croulent sous les montagnes d’herbes diverses, de tomates, de carottes oranges ou jaunes (indispensables pour préparer le plov national), d’abricots, de pêches… D’extravagantes pyramides de carottes râpées orange fluo voisinent avec des dizaines d’épices en vrac. Chacun vend sa production : poissons frits, brochettes, gâteaux, nougats, boules de kurut, etc. De petits jerrycans d’huile de coton (l’huile de table ouzbek) attendent le client à côté de collines de pastèques ou de célèbres melons de la Ferghana.

Dans les bourgs, les marchés sont plus modestes, moins organisés, plus poussiéreux, mais tout aussi peuplés de personnages directement sortis d’une enluminure persane. À l’extérieur du marché, le parking des ânes, immense, donne une idée de la popularité de ces lieux où tout s’échange : les biens, les nouvelles, les promesses… Longue vie aux marchés ouzbeks et à ceux qui les font vivre, qu’ils puissent résister longtemps aux sirènes des supermarchés et de la grande distribution, et rester le cœur battant des peuples d’Asie centrale.

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Rubrique : Viandes

Pljesquoi ? Voilà un mot bien compliqué pour désigner un hamburger… Mais ne vous y trompez pas, la pljeskavica est bien plus qu’un steak haché : de taille impressionnante, ce mélange de viandes nous vient des pays de l’ancienne Yougoslavie où les autochtones lui vouent une passion carnivore.

La pljeskavica (пљескавица, prononcez « plièskavitsa ») est une spécialité des Balkans, de la Slovénie à la Bulgarie. Ce hamburger géant (une petite vingtaine de centimètres de diamètre) est beaucoup plus dense et riche que son homologue américain. Il a la particularité d’être préparé à partir du mélange de plusieurs types de viande : bœuf, agneau, porc, veau, selon les recettes. Chaque boucher possède sa recette de pljeskavica où peuvent entrer du gras de rognons de bœuf ou de mouton, de l’échine de porc, du bicarbonate de soude, de l’eau minérale gazeuse… Le mélange doit être élastique, dense, goûteux et homogène.

Les pljeskavica sont traditionnellement (bien) cuites au barbecue. Selon la région, elles peuvent être servies avec des oignons frais, du kajmak (« kaïmak », une sorte de crème épaisse un peu acide que l’on peut trouver dans les épiceries turques ou yougoslaves), des frites, des concombres ou de l’ajvar, une purée froide de poivrons et d’aubergines parfumée à l’ail. Parfois, les pljeskavica sont fourrées au kashkaval (un fromage similaire au caciocavallo italien), au jambon ou aux champignons. Enfin, ils arrivent qu’elles prennent un petit air américain dans une sorte de pain pita, la lepinja.

Le terme « pljeskavica » vient du verbe « pljesak », un terme régional qui signifie « frapper dans les mains ». Chaque année, la ville serbe de Leskovac, considérée comme le berceau de la pljeskavica, organise un festival en son honneur. Des centaines de milliers de personnes viennent se régaler et assister au concours de la plus grande pljeskavica (le record mesurant 1,2 m de diamètre et pesant 45 kg…). À Paris, le restaurant serbe Zavicaj en sert d’excellentes.

Pljeskavica

Pour 4 pljeskavica

  • 300 g de bœuf haché gros
  • 300 g de veau haché
  • 300 g de porc haché (échine, joue, poitrine)
  • 1 oignon haché menu
  • 1 cuillère à café de sel
  • 1 cuillerée à café de paprika
  • 1 cuillère à café de poivre
  • 40 ml d’eau minérale gazeuse

Dans un saladier, mélangez les viandes, l’oignon, le sel, le paprika, le poivre et l’eau gazeuse. Mélangez doucement avec les mains, couvrez et réservez au réfrigérateur toute une nuit.
Divisez la viande en quatre boules. Placez-en une entre deux feuilles d’emballage plastique alimentaire et aplatissez-la avec la base de la paume jusqu’à obtenir une galette de 15-18 cm de diamètre et d’un petit centimètre d’épaisseur. Répétez l’opération avec les autres boules et réfrigérez les pljeskavica pendant une heure.
Faites chauffer une poêle ou un grill à feu vif, et faites griller les pljeskavica en les retournant souvent jusqu’à ce qu’elle soient bien dorées (environ cinq minutes). Servez avec des oignons frais émincés, des concombres et, à défaut de kajmak, de la crème fraîche épaisse.

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Rubrique : Paris

Si la cuisine perse est l’une des meilleures du monde, la préparer exige parfois de disposer d’ingrédients particuliers. Les Parisiens ont la chance de pouvoir se ravitailler dans plusieurs épiceries spécifiquement iraniennes. Ailleurs, il faut tenter sa chance dans des épiceries libanaises ou turques, plus courantes.

Pour cuisiner un bon khoresh, un ghormeh sabzi (ragoût aux herbes) ou un polo (riz garni), spécialités perses, il faut trouver les bons ingrédients. Dans le petit Téhéran du 15e arrondissement de Paris, rue des Entrepreneurs, il n’y a que l’embarras du choix puisque ce sont quatre épiceries iraniennes qui cohabitent à quelques numéros d’intervalle (et proches de l’excellent traiteur Mazeh). Elles proposent divers produits proche- et moyen-orientaux classiques (comme ceux des épiceries libanaises), ainsi que des produits typiquement perses. En voici quelques-uns.

Au rayon des fruits séchés, pour faire un bon riz à l’iranienne, ne manquez pas les baies d’épine-vinette (zereshk), les citrons perses (entiers ou moulus, limu omani), les griottes (albalu) ou les grains de grenade (nardun). Parmi les herbes et les épices, toutes sortes de mélanges pour les khoresh (dont le subtil advieh), les fleurs de coing (gol-e beh, dont on fait une pâte), les mélanges d’herbes pour le ghormeh sabzi, le poireau et l’ail sauvages (valak et barhang), les échalottes perses (musir), le célèbre safran iranien (za’feran) ou l’ajowan (zireh-ye kuhi). Essayez la mélasse de grenade (rob-e anar) ou le verjus (jus de raisins verts, ab ghureh).

Au rayon frais, en saison, les étonnants citrons perses (complètement dépourvus d’acidité), les prunes encore vertes (gojeh-sabz) et les amandes fraîches (chaghaleh) à grignoter salées, et de superbes grenades. Le fromage perse (panir, proche de la féta) voisine avec le kashk, une pâte plus ou moins épaisse préparée à partir de petit-lait (lactosérum) déshydraté, et dont on assaisonne divers plats (en particulier, la purée d’aubergines). Attention, le goût du kashk est un élément typique de la cuisine perse qui ne convient pas à tous les palais… Ces épiceries proposent également toutes sortes de pains plats et de pâtisseries de la famille des baklava, des ouvrages sur l’Iran, des CD de musique perse, de la vaisselle, etc.

Seule ombre au tableau, aucune de ces épiceries n’est vraiment accueillante. Le gourmand non perse qui s’y aventure se sent un peu surveillé et les épiciers ne semblent pas très désireux de faire connaître leurs produits. On est loin du proverbial sens du commerce des épiciers libanais ou turcs. Pour cette raison, nous ne pouvons vous en recommander une en particulier. Dommage…

(Dernière minute : chez Bazartche, il y a parfois un jeune vendeur enthousiaste qui est prêt à vous faire découvrir toute la boutique !!! Profitez-en !)

Les épiceries iraniennes de la rue des Entrepreneurs –  75015 Paris
Persépolis (au 57)
Eskan (au 62 bis)
Sepide (au 62 ter)
Bazartche (au 72)

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